Paris veut limiter son implication militaire directe

Discrétion oblige. Du 23 au 25 juin dernier, le général français, Jean-Philippe Douin, chef d'Etat-major, s'est rendu en Afrique du Sud. A la base navale de Simonstown, il a eu des entretiens avec son homologue, le général Meiring. Le 26 juin, le nouveau ministre de la Défense, Alain Richard, annonçait officiellement un nouveau dispositif militaire fran- çais en Afrique, « avant la fin de l'été ». Fardeau financier. Dans l'entourage du ministre, on estime qu'il ne s'agit pas d'« une baisse des effectifs (8.000 soldats actuellement), mais d'une révision des missions ». Charles Millon, ministre de la Défense du gouvernement Juppé, avait, lui, annoncé une diminution de la présence militaire dans l'optique de la redéfinition du format de l'armée française souhaitée par Jacques Chirac. De source proche du président de la République, on indique que « La France, l'Afrique du Sud et les Etats-Unis » sont les « grandes puissances d'aujourd'hui et de demain qui aideront l'Afrique à gagner le pari de la mondialisation ». Paris entend alléger le coût financier de sa présence militaire en Afrique car, précise cet officiel, « la France ne peut plus s'engager seule, et ne le souhaite plus ». Mais les autres pays ne paraissent pas pressés d'alléger son fardeau. Ainsi, Washington serait d'accord pour participer à une éventuelle « force d'interposition », mais seulement lorsque la vie d'Occidentaux est menacée. En pleine évolution. La politique française en matière de coopération militaire africaine est donc en pleine évolution. D'autant plus que les ministères de la Défense et de la Coopé- ration réfléchiraient actuellement à la modification de certains « accords militaires » qui lient la France à six pays africains. Aujourd'hui, 3.400 soldats français sont présents à Dji- bouti, 1.400 en République centrafricaine, 1.200 au Sénégal, 800 au Tchad, et 1.200 sont déployés au Gabon et en Côte d'Ivoire. Un désengagement partiel ou un « redéploiement » du contingent français dans ces pays irait à l'évidence de pair avec une montée en puissance de forces interafricaine capables de s'interposer lorsque des conflits surviennent. « Nous pouvons encadrer ces nouvelles forces. Nous pourrions également leur fournir des conseils pour prépositionner ses troupes en fonction des ten- sions perceptibles », indique un expert. Au passage, Alain Richard salue la mise en place de la Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (Misab), en République centrafricaine, qui a permis d'éviter que les troubles de ces dernières semaines ne dégénèrent. « Victime d'un angélisme ». Mais, de source très proche du dossier, on n'oublie pas que c'est « la France qui a payé pour la Misab ». Dans ces conditions, ironise un député RPR, « le gouvernement semble victime d'un angélisme persistant », dans la définition de sa politique africaine. De fait, si la France redimensionne sa présence militaire pour des raisons de coûts, peut-elle se permettre de subventionner des forces d'interposition sur le continent ? E. Re.
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