Autriche : le chancelier sacrifie son ministre des Finances

Le ministre autrichien des Finances, Andreas Staribacher, a remis hier sa démission au chancelier social-démocrate Franz Vranitzky, qui a nommé quelques heures plus tard à ce poste l'un de ses proches, Viktor Klima, quarante-huit ans, jusqu'ici ministre de l'Industrie et des Transports. Agé de trente-huit ans, social-démocrate, Andreas Staribacher a évoqué la déception que lui inspirait le monde politique pour justifier sa volonté de retourner au conseil fiscal, sa profession d'origine. « J'ai appris que parfois, en politique, les règles du jeu ne sont pas les mêmes que dans le monde des affaires », a-t-il déclaré. Une explication étonnante de la part du fils d'un ancien ministre du Commerce, visiblement meurtri de n'avoir que « partiellement pu mettre en application (ses) idées en politique ». Bien qu'Andreas Staribacher assure que son départ a pris Franz Vranitzky au dépourvu, la rapidité avec laquelle le chancelier lui a trouvé un remplaçant et le peu d'émotion suscitée par l'événement dans la classe politique et sur les marchés financiers autrichiens montrent qu'une démission du ministre des Finances n'était pas inattendue. Car le Parti populaire (ÖVP, conservateur), avec lequel Franz Vranitzky négocie actuellement la formation d'une nouvelle coalition gouvernementale issue des élections du 17 décembre, avait fait du départ d'Andreas Staribacher une condition de sa participation au gouvernement aux côtés des sociaux-démocrates. C'est en effet pour obtenir une plus grande rigueur budgétaire que le patron de l'ÖVP, Wolfgang Schüssel, n'avait pas hésité à provoquer une rupture de la coalition gouvernementale, aux dépens du parti de Franz Vranitzky, quatorze mois seulement après les élections précédentes. Déficit budgétaire et dette publique en hausse Perdu sur le plan politique - l'ÖVP n'a progressé que de 0,6 % aux élections pour atteindre 28,3 % contre un gain de 3,4 % et un total de 38,3 % pour le SPÖ de Franz Vranitzky -, le pari est donc peut-être en voie d'être gagné en ce qui concerne les finances publiques. L'Autriche n'a pas le choix. Elle est le seul pays membre de l'Union européenne à avoir enregistré en 1995 à la fois une progression de son déficit budgétaire - 5,6 % du PIB - et de sa dette publique - 68 % du PIB. A moins d'un très sérieux effort, les critères de convergence de Maastricht (3 % de déficit budgétaire et 60 % de dette publique rapportés au PIB à la fin 1997) demeureront hors d'atteinte. THIERRY ARNAUD
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