Une reprise de Fortis par BNP Paribas s'avère moins prometteuse que prévu

Par latribune.fr  |   |  502  mots
La première banque française a achevé hier de doucher l'enthousiasme des marchés à l'égard de son rapprochement éventuel avec l'ex-fleuron belge Fortis. BNP Paribas a précisé, qu'au terme de ses négociations avec l'État belge et Fortis Holding, sa reprise des activités de Fortis en Belgique et au Luxembourg n'aurait aucun impact sur son ratio de solvabilité « tier one ». À la fin 2008, cet indicateur de solidité financière, qui rapporte les fonds propres de la banque aux risques que comportent ses actifs, devrait être légèrement supérieur à 8 %, ce qui place BNP Paribas dans la fourchette basse du secteur.Jusqu'à présent, la banque de la rue d'Antin assurait au contraire que l'acquisition de Fortis devait lui permettre de renforcer de 0,35 % son ratio « tier one ». Mais les tourments du quatrième trimestre sont passés par là et les pertes enregistrées par Fortis se sont révélées supérieures de 6 milliards d'euros aux estimations de la banque dirigée par Baudouin Prot. Cet écart de valorisation coûte à BNP Paribas le surplus de solvabilité espéré. Plus inquiétant pour un analyste, « ce réajustement suggère que BNP Paribas n'a qu'une visibilité moyenne sur la réalité de Fortis », s'étonne-t-il. Cette impression effrite un peu plus la crédibilité de la banque. « Elle est prise au piège de son discours, explique cet analyste. BNP Paribas affichait le projet de reconstituer ses fonds propres grâce en particulier à ses résultats futurs et à la reprise de Fortis. Elle a au contraire perdu 1,4 milliard d'euros au quatrième trimestre et Fortis s'avère désormais neutre pour ses fonds propres. »menaceLa souscription du groupe bancaire à la deuxième tranche du plan de soutien français aux banques avant la fin mars n'est pas une bonne nouvelle non plus pour les actionnaires. Car, avant de leur verser un dividende, il faudra rembourser à l'État les actions de préférence qu'il aura souscrites pour renforcer les fonds propres de la banque. Selon le même analyste, les actionnaires pourraient ainsi voir la rentabilité de leur participation divisée par près de quatre !Dans ce contexte, le discours de BNP Paribas sur l'intérêt industriel de son rapprochement avec Fortis n'a pas beaucoup pesé. Le titre de la banque a clôturé en baisse de 8,71?%. Mais en ne laissant envisager aucun bénéfice immédiat de l'opération, la banque se met aussi à l'abri d'une sanction plus lourde en cas d'échec. Or, après les minoritaires, l'assureur chinois Ping An, premier actionnaire de Fortis, a menacé hier à son tour de voter contre l'opération lors de l'assemblée générale du 11 février. Et malgré l'aménagement de l'opération, les actionnaires se prononceront sur sa version initiale, le temps manquant pour modifier l'ordre du jour. Même en cas de victoire, cette bizarrerie promet de nombreux contentieux dignes de démotiver l'acquéreur le plus allant. Ninon RENAUD.