Alcatel-Lucent paie encore l'héritage de sa fusion

Dans son histoire, et avant la fusion avec Lucent, Alcatel a connu bon nombre de dépréciations d'actifs. Mais jamais de cette ampleur. En 2008, l'équipementier en télécoms franco-américain a réduit la valeur de ses actifs de 4,72 milliards d'euros, dont 3,9 milliards d'euros pour le seul quatrième trimestre. D'où la perte nette annuelle de 5,2 milliards d'euros.Déjà, en 2007, le groupe avait dû passer 2,9 milliards d'euros de dépréciations pour tenir compte du déclin de la technologie mobile CDMA héritée de l'américain Lucent. En deux ans, et si une partie des dépréciations est à mettre à l'actif de la dégradation de l'économie dans son ensemble, le rapprochement avec Lucent aura donc amputé les fonds propres du groupe de 7,6 milliards d'euros (lire encadré).confiant pour 2009Ben Verwaayen, le directeur général d'Alcatel-Lucent, s'est voulu rassurant hier en indiquant que ces dépréciations ne nécessitaient aucune sortie de trésorerie. La génération de 250 millions d'euros de flux de trésorerie disponible au quatrième trimestre « renforce notre confiance », a-t-il même ajouté. Selon lui, et alors que le groupe devrait percevoir, d'ici la fin du deuxième trimestre 2009, les 1,6 milliard d'euros de la vente à Dassault Aviation de la participation dans Thales, la priorité est à l'exécution du plan stratégique annoncé le 12 décembre dernier. « Il ne s'agit pas de parler. Il faut aussi montrer les résultats », a déclaré le directeur général d'Alcatel-Lucent. Mais sur ce point, Ben Verwaayen est resté extrêmement vague. Le départ des 1.000 cadres devrait se faire progressivement. Tout comme la suppression de la moitié des 10.000 sous-traitants, la réduction d'environ 40 % du nombre de laboratoires de R&D. Rien non plus sur le redéploiement d'une partie des équipes vers les technologies les plus prometteuses et le recours à des partenariats dans les domaines où le groupe ne dispose pas de positions fortes. En revanche, pas d'acquisitions au programme, même si Nortel pourrait être contraint de vendre des actifs pour éviter la faillite. « Cela fait parler les observateurs. Nous, nous nous concentrons sur notre plan », a répondu Ben Verwaayen.Retour au plan donc dont les mesures annoncées, et qui s'ajoutent aux réductions de coûts engagées par l'ancienne direction, doivent permettre selon Ben Verwaayen de traverser la crise actuelle. La direction table toujours sur une baisse de 8 % à 12 % du marché des équipements en télécoms cette année et sur un résultat d'exploitation ajusté de « proche de l'équilibre ». Cette réorganisation doit même permettre de gagner des parts de marché dans certains pays, et plus précisément en Chine. « Nous voulons être parmi les trois premiers équipementiers en Chine dans la téléphonie mobile de troisième génération », a martelé Ben Verwaayen. Les trois opérateurs chinois détenteurs de licences 3G devraient investir 30 milliards d'euros en deux ans pour construire le réseau. Malgré une structure financière tendue, Alcatel-Lucent n'a pas d'autres choix que de se lancer dans la bataille.
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