Le risque géopolitique dope le pétrole

Par latribune.fr  |   |  643  mots
En dépit de toute nouvelle positive du côté de la demande, les cours du pétrole ont résolument démarré l'année à la hausse. Avec un gain de 33 % depuis le 24 décembre, à 47,05 dollars hier, le cours du pétrole léger américain WTI reflète la montée des risques géopolitiques, qui pourraient affecter l'offre. Un commandant de l'armée iranienne a mis de l'huile sur le feu en indiquant dimanche que les pays islamiques devraient réduire leurs exportations de pétrole vers les pays soutenant Israël, en Europe et aux États-Unis, en réponse à l'incursion d'Israël dans la bande de Gaza. Des conjectures pour l'instant. Car si l'Opep est déjà en train de réduire son niveau de production, elle n'est pas en mesure d'en contrôler la destination, surtout pas lorsque la demande s'effondre. D'autant que le cartel, qui n'en est pas un stricto sensu, ne se répartit pas les zones commerciales. Les enjeux géopolitiques de l'approvisionnement énergétique ne peuvent toutefois quitter le devant de la scène alors que l'Europe s'inquiète de son approvisionnement en gaz. Après la Turquie, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, la Croatie et la Grèce ont affronté hier un ralentissement des livraisons en provenance du géant russe Gazprom. Il y a trois ans, un épisode semblable avait déjà soutenu les cours du baril de pétrole à la hausse. Autre facteur positif pour le baril de pétrole, le fait que les États profitent de la baisse des prix pour reconstituer leurs réserves stratégiques, histoire de compenser le manque d'appétit du secteur du transport. La Chine a ainsi indiqué qu'elle allait procéder à des achats de pétrole dans cet objectif. Et le ministère de l'Énergie américain (Departement of Energy, DoE) a fait de même, en déclarant vendredi dernier qu'il recommencerait à acheter du pétrole en ce début d'année. Une décision de nature à doper les cours, mais à la marge. Car les réserves stratégiques des États-Unis ne sont pas vides, loin de là. Sur une capacité de stockage de 721 millions de barils, le pays détient déjà plus de 700 millions de barils. Enfouies dans des cavités salines au Texas et en Louisiane, ces réserves avaient été utilisées après les ouragans Katrina et Rita, en 2005. Le DoE a l'intention d'acheter 12 millions de barils pour livraison entre février et avril de cette année, ce qui représente la moitié de la production de l'Opep sur une journée. Ce qui aura pour effet de remplir les dernières capacités de stockage disponibles aux États-Unis. Du côté de l'offre commerciale disponible, les cuves sont également chargées à bloc?: à Cushing, Oklahoma, les dernières statistiques faisaient état de stocks à 27,4 millions de barils. Des provisions qui n'augurent rien de très positif pour les cours du baril. Car l'effritement de la demande ne cesse de se confirmer. L'Agence internationale de l'énergie est un des organismes à croire à une hausse de la demande de pétrole en 2009?; certains analystes estiment au contraire que la consommation baissera. Comme Adam Sieminski à la Deutsche Bank, qui jauge la consommation quotidienne de pétrole à 84,8 millions de barils en 2009, contre 86,1 millions de barils en 2008. « La demande annuelle de pétrole est principalement déterminée par la croissance du PIB, ainsi que par la météo, mais il y a une forte tendance à la baisse de consommation, liée à l'utilisation de véhicules plus efficients, et au recours aux biocarburants », rappelle le broker. Des capacités de production supplémentaires représentant 3 millions de barils par jour devraient de surcroît arriver sur le marché en 2009, ce qui risque de peser un peu plus sur les cours.