Comment l'État fait de la relance avec très peu d'argent

Comme à Gravelotte. Les plans de soutien tombent les uns après les autres de l'Élysée, pour répondre aux conséquences de la crise financière. À la clé, des sommes colossales et un message répété à l'envi, tout cela ne coûtera rien à l'État. Pas question de piocher plus avant dans un budget attendu en déficit de 52,1 milliards d'euros en 2009. Pour financer le sauvetage de Dexia, sur les 3 milliards d'euros que la France s'est engagée à apporter, 2 viendront de la Caisse des dépôts et consignations et de son portefeuille d'actions. Le milliard manquant viendra d'une prise de participation dans le capital financée par l'emprunt.Les finances de l'État ne sont donc pas sollicitées en première intention, mais la dette va s'accroître et les intérêts de cette dernière pèseront tout de même sur les finances de l'État. 1 milliard de plus comparé à un total supérieur à 1.200 milliards, c'est " l'épaisseur du trait ", nuance-t-on dans l'entourage du ministre du Budget, où l'on souligne aussi qu'un retour à meilleure fortune pourrait permettre à l'État de se refaire.CAISSE DES DEPOTS EN AVANTPour ce qui est du plan PME, la très grande majorité de la vingtaine de milliards annoncés proviendra de l'excédent de la collecte des livrets réglementés (hors livret A). En revanche, il en coûtera au budget environ 150 millions d'euros afin de mobiliser 3 milliards via Oséo. Cette somme servira d'abord à doter de 70 millions un fonds d'Oséo destiné au renforcement de la structure financière. Selon nos informations, la question de sa compatibilité communautaire doit encore être vérifiée.Quant à l'augmentation des fonds de garantie, pour les porter de 240 millions à 280 millions en 2008 et 2009, soit 80 millions sur deux ans, ils seront financés sur les ressources internes d'Oséo. Dans ce cas, l'État sera obligé de remettre au pot à compter de 2010, à moins d'accepter qu'Oséo ne cesse son activité " garantie ", ce qui est très improbable. Il y a donc bien un coût budgétaire, mais il est reporté à plus tard.Enfin, pour ce qui est des mesures en faveur de l'immobilier annoncées mercredi par l'Élysée, ce sont les organismes HLM qui achèteront aux promoteurs les 30.000 logements en attente d'acquéreurs. Filiale de la caisse des dépôts, la SNI s'est déjà engagée à en racheter 10.000. Elle est par ailleurs en train de constituer un groupement d'achat avec d'autres organismes HLM, affirmant pouvoir ainsi doubler cet objectif. La SNI n'a pas d'inquiétude : si ses fonds propres se révèlent insuffisants, elle est déjà assurée d'une recapitalisation de son actionnaire, la Caisse des dépôts.Reste que le montant total des subventions de l'État pour la construction de HLM s'affiche en nette baisse pour 2009 et 2010 (voir graphique ci-dessus). Dès lors, de deux choses l'une : soit le rachat des 30.000 logements conduit les organismes HLM à construire plus que prévu, auquel cas ils réclameront à l'État une compensation. Soit ces 30.000 logements sont financés en lieu et place de logements qui auraient de toute façon été ­construits. La mesure se résumera alors au seul effet d'annonce.
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