BNP Paribas rachèterait Fortis et deviendrait la première banque de dépôt de la zone euro

Le deuxième week-end consécutif de négociation autour du sauvetage de la banque Fortis devait déboucher hier soir sur une vente partielle au groupe français BNP Paribas. Il y a tout juste une semaine, les trois États du Benelux (la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas) avaient élaboré de concert un plan de sauvetage de Fortis qui prévoyait l'injection de 11,2 milliards d'euros dans la banque. Mais, vendredi dernier, le gouvernement des Pays- Bas à LaHaye a annoncé qu'il reprenait les activités néerlandaises de Fortis. Cette décision n'était à l'évidence pas sans conséquence sur la gestion du plan de sauvetage de l'autre pan du groupe bancaire belgo- néerlandais : Bruxelles et Luxembourg apparaissaient en effet contraints de retrouver un repreneur pour Fortis après la décision. Pour le Premier ministre belge, Yves Leterme, il s'agit à présent de protéger les épargnants ainsi que 45.000 salariés. Aussi, le groupe français BNP Paribas s'est-il une nouvelle fois glissé avec habileté dans la brèche. DISCUSSIONS SANS SUCCÈS Après avoir mené tambour battant mais sans succès voilà une semaine des discussions au plus haut niveau à Bruxelles, la banque deMichel Pébereau et de Baudouin Prot a réussi à s'imposer aux yeux des pouvoirs publics belges et luxembourgeois comme la bonne alternative à la nationalisation. Les nouvelles discussions avec les Français portaient sur la reprise du groupe de services financiers, une fois amputé de sa partie néerlandaise. "Les activités en jeu sont non seulement sans commune mesure avec l'entité néerlandaise extraite du dossier mais également bien plus importantes que celles récupérées à la faveur du rachat de BNL en Italie en 2006", nous confiait hier un proche du dossier BNP Paribas. Avec cette acquisition, la banque française deviendrait la première banque de dépôt et la première banque de gestion privée de la zone euro. Elle serait un acteur majeur sur quatre marchés : La France, l'Italie, la Belgique et le Luxembourg. L'opération devrait donner lieu, selon nos informations, à une augmentation de capital. A terme, les Etats belges et luxembourgeois pourraient détenir autour de 10% de BNP Paribas. Du côté néerlandais, la récupération des activités d'ABN-Amro par les pouvoirs publics s'élève à 16,8 milliards. "Cette somme vient assurer une solvabilité de manière encore plus durable au groupe Fortis", a déclaré à La Tribune Didier Reynders, ministre belge des Finances. "Nous avions déjà annoncé dimanche dernier que nous allions vers la vente d'ABN-Amro", a-t-il poursuivi. À l'époque, il était davantage question d'une reprise par ING, mais le banquier batave y aurait renoncé après la découverte d'actifs contaminés. C'est finalement le gouvernement néerlandais qui est intervenu en acquérant "une société saine à un prix correct", selon Wouter Bos. Le ministre des Finances des Pays-Bas ne paraissait pas être mécontent d'avoir ramené ABN-Amro sous bannière nationale, en faisant une bonne affaire. La transaction de vendredi valoriserait ABN-Amro à 9 milliards d'euros alors que Fortis l'avait achetée pour 24 milliards en 2007. Aussi, la presse flamande dénonçait-elle un véritable "hold-up" commis par des Néerlandais revanchards après l'offre publique d'achat hostile sur ABN-Amro.
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