Wells Fargo et Citigroup s'affrontent pour les dépôts de Wachovia

Àquelques mois de sa retraite, Richard Kovacevich espérait signer sans difficulté le plus beau " coup " de sa carrière. Vendredi, le président de Wells Fargo, qui se qualifie volontiers " d'acquéreur en série ", a annoncé le rachat de Wachovia pour 15,1 milliards de dollars en actions, ce qui aurait privé Citigroup des opérations bancaires de l'établissement au bord de la faillite.C'était sans compter sur la détermination de Vikram Pandit, directeur général du conglomérat bancaire new-yorkais, qui, quatre jours plus tôt, avait offert 2,15 milliards de dollars pour reprendre les activités de détail de Wachovia. Dans la nuit de samedi à dimanche, Citigroup a annoncé avoir obtenu le gel de la fusion de Wachovia et Wells Fargo. Le juge Charles Ramos, de la Cour suprême de l'État de New York, prolonge " jusqu'à nouvel ordre " l'accord qui conférait à Citigroup l'exclusivité pour négocier avec Wachovia et recevra les deux parties vendredi prochain.POUVOIRS PUBLICS AMERICAINS DANS L'EMBARRAS" L'accord donné par Wachovia à une transaction avec Wells Fargo constitue une rupture claire d'un accord d'exclusivité ", avait protesté vendredi Citigroup. Selon le New York Times, Citigroup exigera de Wells Fargo 60 milliards de dollars de dédommagements si son concurrent parvient à faire échouer sa transaction initiale.Cette bataille bancaire place les pouvoirs publics américains dans l'embarras. Car la perspective d'une solution de reprise de l'intégralité de Wachovia par Wells Fargo, sans garantie de l'État, semblait satisfaire l'organisme de garantie des dépôts bancaires, la FDIC. Avant la riposte de Citigroup, sa présidente, Sheila Bair, a indiqué qu'elle privilégierait " une solution qui soit dans l'intérêt " des contribuables. Or, l'offre à 2,15 milliards de dollars de Citigroup, approuvée par le FDIC, prévoyait que, au-delà de 42 milliards de dollars, les pertes liées aux créances de Wachovia seraient assumées par le gouvernement fédéral.Les analystes estiment que l'apport des 3.300 agences de Wachovia renforcerait considérablement Citigroup dont les pertes se sont élevées à 17 milliards de dollars au cours des trois derniers trimestres et qui ne dispose que de 1.000 agences aux États-Unis. Vendredi, la crainte de voir ces dépôts échapper au conglomérat a pesé sur son titre qui a lâché 18,44 %, à 18,35 dollars, tandis que Wachovia a bondi de 58,82 %, à 6,21 dollars.À la tête de 3.400 agences, Wells Fargo hériterait de 122 milliards de dollars de crédits hypothécaires toxiques dits option pay si la banque de San Francisco parvenait à reprendre Wachovia. Wells Fargo table sur une dépréciation limitée de 32 milliards de dollars de ces actifs et entend procéder à une augmentation de capital pour compenser cette perte. Il se murmure à Wall Street que Richard Kovacevich aurait décidé de rouvrir le dossier Wachovia quand il semblait acquis que le Congrès adopterait le plan de reprise de 700 milliards de créances risquées, concocté par le Trésor. La participation du contribuable américain pourrait donc être finalement sollicitée quel que soit le vainqueur de la lutte qui s'engage.
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