Jusqu'à présent commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson fait son retour au gouvernement britannique en tant que ministre de l'Industrie. L'annonce vendredi lors d'un léger remaniement ministériel a pris tout le monde à contre-pied. Y compris le premier intéressé : " Ce n'est certainement pas ce à quoi je m'attendais ", rigole-t-il. Car il est de notoriété publique que lui et Gordon Brown se détestent, depuis qu'il a soutenu Tony Blair en 1994 pour prendre la direction du Parti travailliste.Mais le Premier ministre britannique a décidé vendredi d'évoquer " l'intérêt national " face à la crise : " Nous avons besoin de toutes les personnes qui ont une expertise en ces temps sans précédent. " Le retour de Peter Mandelson est d'autant plus surprenant qu'il a déjà été forcé à deux reprises à la démission du gouvernement. La première fois en 1998, alors qu'il était déjà ministre de l'Industrie, pour avoir accepté un prêt secret d'un autre ministre afin d'acheter une propriété à Notting Hill. La deuxième démission date de 2001, alors qu'il avait été rappelé pour s'occuper de l'Irlande du Nord. Il a alors été accusé d'avoir facilité l'accès à la nationalité britannique d'hommes d'affaires indiens prêts à investir dans un projet gouvernemental. À l'époque, sa démission avait été jugée comme la fin de sa carrière.HABILETE POLITIQUEEn 2004, surprise : Tony Blair décide de l'envoyer à Bruxelles pour être en charge du commerce. Quatre ans après, son bilan est très maigre, n'ayant pas réussi à faire aboutir le cycle de Doha et s'étant mis à dos Nicolas Sarkozy. Mais le retour de l'âme damnée de Tony Blair, à 54 ans, vient prouver une fois de plus son impressionnante habileté politique. Par ailleurs, Gordon Brown a nommé Ed Miliband, frère de David, l'actuel ministre des Affaires étrangères, à la tête du nouveau portefeuille de l'Énergie et du Changement climatique. John Hutton, qui est remplacé par Peter Mandelson, prend le ministère de la Défense.