Nintendo en disgrâce à la Bourse de Tokyo

Une chute de 8,7 % : c'est ce qu'a essuyé vendredi le titre Nintendo à la Bourse de Tokyo. Un mouvement d'autant plus impressionnant qu'il a eu lieu le lendemain du lancement parle géant de Kyoto de sa nouvelle console portable, la DSi.Cette baisse a certes été entamée fin juin. À l'époque, le titre était à son zénith annuel de 62.800 yens. Le créateur de Mario Bros était alors encensé par la presse mondiale comme le digne successeur de Sony, dont il tutoyait la capitalisation boursière. Avec 90 % de ses ventes à l'étranger (et 40 % de son capital " flottant " dans des mains étrangères), Nintendo était " la " société mondiale japonaise. À la recherche de success stories dans l'électronique de loisirs nippone face à Apple, la presse était dithyrambique. Il y avait de quoi : le cours avait été multiplié par 6 depuis 2004 ! Sous le titre " Toute résistance est inutile ", le New York Times tirait le portrait de Shigeru Miyamoto, génie créatif de Nintendo. De son côté, le Financial Times remarquait que les employés de Nintendo rapportaient plus d'argent à leur entreprise que ceux de la banque d'affaires Goldman Sachs. Las ! Aujourd'hui, le titre patauge à 36.250 yens, " et il va bientôt crever le plancher des 30.000 ", assure un analyste.UN RYTHME IMPOSSIBLE A TENIRPourquoi une telle disgrâce ? La mariée était trop belle. Le rythme de croissance de Nintendo depuis le lancement de la Wii, sa console portable qui a révolutionné l'industrie (ses applications sont bien plus larges que les consoles classiques), est aujourd'hui insoutenable. " L'industrie du jeu vidéo est très cyclique, et il est normal que le titre souffre ", explique Laurent Halmos, de CLSA. Les ventes de consoles baissent au Japon depuis deux ans, et les investisseurs craignent que le reste du monde ne suive la tendance.La DSi ne les a pas rassurés : cette machine d'aspect particulièrement ingrat n'est certainement pas aussi révolutionnaire que fut la Wii ou la DS Lite. Son écran est certes plus grand, mais sa batterie est moins puissante que la version précédente de la DS. Et les aficionados de Nintendo sont dubitatifs quant aux gadgets intégrés type appareil photo. " Nous avons lancé la DSi à cette période de l'année pour ne pas perdre notre cadence ", a expliqué le directeur général de Nintendo, Satoru Iwata, jeudi en présentant la DSi. Il l'a sans doute déjà perdue.Les investisseurs se demandent maintenant si le groupe pourra tenir ses promesses en matière de rentabilité. D'où leur interrogation sur l'évolution à court terme de cette étoile boursière.
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