L'effondrement du marché frappe aussi les matières premières

Métaux, céréales et énergie ne sont plus des havres privilégiés. La forte baisse qui a frappé les matières premières la semaine dernière a remis les compteurs à zéro, les indices du segment affichant désormais une performance négative depuis le début de l'année. L'indice Reuters-Jefferies CRB, qui a perdu 10,75 % à 326,51 points, a subi sa plus forte baisse depuis 1956.Des performances qui risquent d'entraîner un effet boule de neige : désormais, " les investisseurs doivent régler des appels de marges sur l'ensemble de leur portefeuille ", observe Olivier Jakob, chez Petromatrix. Une contrainte de liquidités qui pourrait alimenter, un peu plus, la spirale baissière des marchés, d'autant que les mauvaises nouvelles ne sont pas terminées. " La production industrielle ne devrait pas croître de plus de 0,6 % cette année. Or, historiquement, lorsque la croissance est inférieure à 2 %, les matières premières reculent ", affirment les stratèges de Credit Suisse." Pour l'instant, nous n'avons vu que l'impact financier de la crise : l'impact sur l'économie réelle n'est pas encore là ", prévient Michael Lewis, responsable des matières premières à la Deutsche Bank. " Si nous entrons vraiment en récession, certains segments des matières premières, comme l'énergie, vont sembler vraiment trop chers ", ajoutele spécialiste, qui verrait bien le prix de l'or noir descendre vers les 80 dollars le baril dans ce contexte.Une petite lumière perce toutefois le brouillard : l'indice de référence du fret sec, le Baltic Dry Index, est reparti à la hausse en fin de semaine après huit séances de baisse consécutives. Considéré comme un excellent baromètre par les spécialistes, l'indice avait annoncé la déconfiture quelques jours avant que les matières premières ne commencent à baisser.FACTEURS FONDAMENTAUX PERENNESEt peu d'experts cautionnent la thèse d'une récession qui ramènerait les matières premières au tapis. Malgré le jeu de massacre, certains facteurs fondamentaux restent pérennes. La pression démographique, le besoin d'infrastructures et la hausse des coûts de production de l'ensemble des matières premières sont en effet des tendances de fond irréversibles. C'est en tout cas ce que reflètentles prix des contrats sur longue échéance. Ainsi, sur le pétrole, les prix des contrats à terme ont chuté, mais les échéances les plus éloignées ont le mieux résisté. Le baril pour livraison dans cinq ans se traite ainsi toujours au-dessus des 100 dollars. Et des écarts comparables se constatent sur l'aluminium ou le cuivre. Ainsi, si la détérioration de la croissance risque de peser sur les matières premières à court terme, " le marché ne semble pas convaincu que les matières premières puissent se désengager de leur tendance haussière de long terme ", estime Yingxi Yu, chez Barclays Capital.UBS s'allège dans les matières premièresDans le cadre de la suppression de plus de 2.000 postes, la banque suisse a annoncé vendredi qu'elle fermait une partie de ses activités sur les matières premières. À l'exception du marché de l'or, la banque renonce au trading OTC (over-the-counter). Une branche gourmande en capitaux, puisque les banques assurent la contrepartie des contrats à la place des chambres de compensation. Une partie de cette activité provenait d'une filiale d'Enron.
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