La presse étrangère s'étonne du « boss-napping »

Par latribune.fr  |   |  425  mots
Des ouvriers brûlent des pneus et retiennent un manager de 3M en otage », s'indigne le conservateur « Washington Times », « Prendre son patron en otage?? En France, c'est une tactique de négociation », ironise le « New York Times » tandis que le « Wall Street Journal » constate qu'en « France, les patrons peuvent devenir des otages ». Ces derniers jours, la presse étrangère a largement couvert les séquestrations de patrons en France. « Aux États-Unis, et dans la plupart des pays, retenir de force un patron ne serait pas toléré. En France, les gens ont de la sympathie pour ceux qui montent des barricades, tant que personne n'est blessé», analyse le « Wall Street Journal ».Beaucoup de journaux s'amusent de ce phénomène très français qualifié de « boss-napping », en référence au kidnapping. « En France, dormir avec son patron prend une toute nouvelle signification », ose « The Independent ».Une fois passé l'effet de surprise, la plupart des observateurs s'interrogent sur les raisons de cette poussée de violence, dans un pays où, relève l'agence de presse Bloomberg, « les travailleurs sont parmi les mieux lotis au monde ». « Le problème, analyse la correspondante de l'agence à Paris, c'est que les Français vivent sur une autre planète. Bien que les salariés puissent rêver revivre les années 70 ou 60, il n'y a pas d'idéologie valable qui puisse rassembler les chômeurs. L'opposition de gauche est en lambeaux, le Parti socialiste n'a même pas de programme anticrise. » Autre explication?: la faible syndicalisation des salariés français. « Seulement 9 % appartiennent à un syndicat, et encore moins dans le secteur privé, où se sont produits tous les cas récents de kidnapping », note « The Independent », qui précise qu'au Royaume. L'ironie que suscite le phénomène de séquestration de patrons dans les journaux étrangers n'a cependant rien à voir avec les attaques orchestrées par le passé contre la France. Comme si la crise avait quelque peu tempéré les ardeurs de la presse anglo-saxonne, si prompte hier à décocher ses flèches contre la semaine des 35 heures ou l'archaïsme hexagonal. À l'inverse, la France recueille même des lauriers. Une tribune dans « Newsweek » relevait en début d'année « que pour le meilleur ou pour le pire, l'intervention à la française gagne du terrain alors que les autres modèles perdent en crédibilit頻. Début mars, le « Financial Times » publiait un point de vue sur « les leçons françaises ou le nouveau rôle de l'État ». Le « french-bashing » est passé de mode.