Quatre ans de retard pour l'A400M

Par latribune.fr  |   |  454  mots
Le rapport d'information des deux sénateurs ? Jean-Pierre Masseret (PS, Moselle) et Jacques Gautier (UMP, Hauts-de-Seine) ? sur l'avion de transport de troupes européen A400M a le mérite de faire un travail de précisions que le groupe européen EADS, qui ne délivrait que des informations très partielles sur ce dossier, se refusait à faire. Ce travail d'enquête révèle un certain nombre de points jusqu'ici cachés, voire niés par EADS, et extrêmement gênants pour l'avenir de cet appareil, dont environ 80 % du développement a déjà été effectué.Ce qui fait dire crûment à Jean-Pierre Masseret, qu'on « est au-devant d'emmerdements singuliers ». Concrètement, l'A400M est très loin d'être sorti des turbulences. Notamment si on se réfère à une clause confidentielle du contrat signé en mai 2003 entre l'industriel Airbus Military, filiale d'EADS, et l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (Occar) agissant pour le compte des États, et dévoilée par le rapport. Le contrat prévoit que si le premier vol a un retard de plus de quatorze mois, les États, qui ont déjà versé 5 milliards d'euros pour l'A400M, peuvent abandonner le programme sans pénalité et en récupérant les sommes versées. Une clause qui prendra toute son importance le 31 mars prochain, le premier vol ayant été prévu en janvier 2008. Et quand on sait que les Britanniques sont tout près de sortir du programme? Ce qui serait catastrophique, voire dramatique, pour ce programme européen.une version sans optionsAussi, EADS aura tout intérêt à se montrer convaincant dans les négociations qui vont s'engager dans les jours prochains avec les États. Outre les solutions intérimaires déjà proposées aux États (achats anticipés d'A330-200 MRTT ou Boeing C17) pour limiter les effets d'une interruption de capacité, le groupe pousse la solution de livrer une première version, soit un standard sans certains systèmes de missions, « avec trois ans de retard sur le calendrier contractuel initial de la première livraison [?], assure le rapport sénatorial. Le premier avion au standard final serait livré avec quatre ans de retard ». Ceci, en raison des retards des motoristes sur le Fadec et la plupart des systèmes de mission de l'A400M (Safran, Thales et EADS).Sur les conséquences financières de ce retard, le rapport ne confirme pas les 5 milliards avancés par « Le Figaro ». Et EADS a assuré hier dans un communiqué « qu'aucune indication ne peut être donnée à ce jour au-delà de la provision déjà prise de 1,7 milliard d'euros ». Selon le rapport, le programme serait déjà en perte de 8 %.michel Cabirol