Nabucco relancé grâce au gaz irakien

Par latribune.fr  |   |  366  mots
ÉnergieLa sourde lutte que se livrent la Russie et l'Union européenne pour l'acheminement en Europe du gaz du pourtour de la Caspienne pourrait tourner à l'avantage du Vieux Continent. Depuis 2002, Bruxelles soutient un projet de gazoduc porté par des sociétés européennes qui permettrait d'importer du gaz d'Asie centrale via la Turquie en contournant la Russie. Gazprom a rapidement répliqué en lançant un projet concurrent, le South Stream, un gazoduc qui plonge sous la mer Noire pour déboucher en Bulgarie.Afin de s'assurer que son concurrent n'aurait pas suffisamment de gaz pour justifier la construction de Nabucco, Gazprom s'est arrangé pour verrouiller l'essentiel des réserves de gaz d'Asie centrale en passant des contrats de fourniture avec plusieurs républiques. Résultat : le projet Nabucco était depuis moribond. Mais deux facteurs changent aujourd'hui la donne. À défaut de remplir Nabucco avec du gaz d'Asie centrale, les sociétés actionnaires de Nabucco pourraient le remplir avec du gaz irakien.Deux des actionnaires du consortium ? le hongrois MOL et l'autrichien OMV ? ont pris une participation de 10 % chacun dans Pearl Petroleum, qui détient les droits sur deux champs de gaz dans le Kurdistan irakien. Les géologues de Pearl ont eu la divine surprise de découvrir que les réserves de Khor Mor et Chemchemal étaient beaucoup plus importantes que prévu. « La perspective d'ajouter 15 milliards de mètres cubes de gaz irakien par an aux 8 à 12 milliards que l'Azerbaïdjan promet de son côté à Nabucco renforce les chances de ce projet de devenir une réalit頻, estime Pierre Terzian, directeur de Pétrostratégies.loi d'AmatoL'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche pourrait aussi permettre de déverrouiller le corridor iranien. Tous les projets de gazoduc destinés à acheminer du gaz d'Asie centrale vers l'Europe via l'Iran butaient jusqu'ici sur un verrou américain. La loi d'Amato interdit en effet tout investissement supérieur à 20 millions de dollars dans la République islamique. Or, George Crowl, un diplomate américain en charge de l'Asie centrale, expliquait récemment que « les États-Unis sont favorables à l'idée que l'Iran se substitue à la Russie pour acheminer du gaz d'Asie centrale vers l'Europe ». Xavier Harel