Rejeté par les marchés, le modèle des banques d'investissement disparaît

Par latribune.fr  |   |  540  mots
Personne n'a été épargné. Après une année de crise, les banques d'investissement n'existent plus. Ou du moins, leur industrie telle qu'elle était jusqu'ici n'existera plus pendant longtemps. En un an, tous les éléments fondamentaux des banques d'investissement se sont effondrés un à un. Début 2008, les plus grandes banques d'investissement publient des pertes atteignant parfois jusqu'à 10 milliards de dollars sur le quatrième trimestre 2007. UBS, Merrill Lynch, Citigroup, Morgan Stanley sont alors obligées de procéder à de lourdes recapitalisations de plusieurs milliards. Elles subissent leur trop forte exposition aux marchés du crédit et surtout des subprimes. Mais, au mois de mars, la crise bascule. Bear Stearns, plus petite banque d'investissement de Wall Street, croule sous les subprimes et les crédits structurés. Ils sont trop lourds pour être supportés par ses fonds propres qui pèsent quarante fois moins. La Fed est contrainte d'organiser en catastrophe le sauvetage de Bear Stearns, qui est rachetée par JP Morgan. sous contrôle de la FedDès lors, les banques d'investissement remettent en cause le fort effet de levier de leurs fonds propres qui leur permettait jusqu'ici de dégager une importante rentabilité. Et très logiquement, c'est la plus petite banque de Wall Street après Bear Stearns qui se trouve menacée : Lehman Brothers. Et c'est six mois plus tard, après plusieurs alertes, que la banque dirigée par Richard Fuld fait faillite. La crise prend une dimension systémique. Le même week-end de la faillite de Lehman, Merrill Lynch est sauvée in extremis. Désormais, c'est le modèle entier des banques d'investissement dans lequel le marché n'a plus confiance. Même les grandes Goldman Sachs et Morgan Stanley attirent les foudres des investisseurs. Une semaine plus tard, elles sont contraintes d'accepter de passer sous contrôle de la Fed. Cet événement signe définitivement la fin du modèle des banques d'investissement indépendantes à Wall Street. Auparavant, l'absence de contrôle du régulateur leur permettait de prendre plus de risques, ce qui faisait leur force. Désormais, les deux derniers des Mohicans vont devoir renouveler leur modèle fondé jusque-là sur l'effet de levier et l'absence de contrôle. Au lendemain du sauvetage de Bear Stearns, la planète finance espère qu'avec la faillite de Lehman Brothers le pire de la crise est derrière elle. Seulement, pendant près de deux mois, les marchés financiers se laissent entraîner dans une folle spirale baissière. Une tourmente sans précédent, qui à nouveau n'épargne aucune banque d'investissement. Même Goldman Sachs, JP Morgan et la française BNP Paribas, qui avaient jusqu'ici résisté à l'épreuve de la crise, accusent le coup sous la violence de la chute des marchés à l'automne. Réputée comme l'une des plus solides du monde, BNP Paribas accuse 1,6 milliard d'euros de pertes sur les seuls mois d'octobre et novembre. Ce dernier séisme marque la dernière étape de la mue des banques d'investissement. Il signe la fin des produits structurés qui avaient fait leur gloire. En 2009, les banques d'investissement, qui restent peu nombreuses, devront se réinventer un modèle. Matthieu Pechberty