« ? Nomura est une grande banque d'affaires mondiale ? »

Vous avez perdu 7 milliards de dollars en 2009. La reprise de Lehman Brothers ne vous a-t-elle pas coûté trop cher ?Non. 2008 a été terrible pour tout le monde. Nomura avait déjà commencé à nettoyer son bilan avant le rachat de Lehman Brothers. Après, nous avons choisi de continuer cet effort, tout en lançant l'intégration de Lehman Brothers. Nous avons préféré passer notre bilan à la paille de fer et annoncer de mauvais résultats d'un coup.Où en êtes-vous désormais ? Pensez-vous être rentable cette année ?Nous avons terminé le nettoyage de notre bilan et nous ne pensons pas passer de nouvelles dépréciations. Les activités de Lehman Brothers, ont été intégrées à nos plates-formes et systèmes informatiques au début du mois de janvier. Nous sommes désormais pleinement opérationnels. Concernant nos résultats [clos fin mars 2010, Ndlr], notre objectif est clairement d'être bénéficiaire en 2009.Que vous apporte concrètement la reprise de Lehman Brothers ?Auparavant, nous étions très dépendants du Japon et des métiers du courtage. Grâce à Lehman Brothers, nous avons considérablement augmenté notre taille. Nous sommes implantés dans 34 pays dans le monde dont 18 en Europe et au Moyen-Orient. En Asie, nous avons désormais une taille importante en Chine et en Inde, deux pays qui seront en forte croissance dans les cinq prochaines années. Nous sommes désormais une grande banque d'investissement au niveau mondial et nous souhaitons être parmi les leaders dans chaque pays où nous sommes.Avez-vous désormais des ambitions aux États-Unis ?Les États-Unis sont un élément important de notre stratégie et nous y sommes présents avec plus de 1.000 employés. Nous voulons d'abord continuer à étendre nos plates-formes sur les actions et les taux et développer une banque d'affaires centrée sur les opérations transfrontalières. Puis nous étudierons comment aller plus loin.Quels sont vos objectifs en Europe ?Sur les marchés actions en Europe, nous avons fait un bond très important et ce n'est pas fini. À la Bourse de Londres, nous étions à la 8e place en mai et nous avons atteint le top 5 la semaine dernière. Nous avons l'ambition tout à fait réalisable de devenir premier sur la Bourse de Londres d'ici un an et d'atteindre le top 5 au niveau européen. Sur les marchés de taux, nous espérons être parmi les dix premiers en Europe. Enfin, en banque d'affaires, nous avons recruté des banquiers et voulons nous classer rapidement parmi les dix premiers et à terme dans les cinq leaders.Vous avez conservé une grande partie des équipes de Lehman Brothers. Comment allez-vous les faire évoluer ?Nous avons gardé 90 % des personnes dans les marchés actions. En parallèle, nous avons recruté depuis le début de l'année 380 personnes en Europe et 135 aux États-Unis. Nous continuerons à embaucher en Europe très prudemment pour nous renforcer sur les marchés de taux et en banque d'affaires.Vos détracteurs assurent que le choc des cultures entre Nomura et Lehman Brothers peut faire échouer la fusion. Que leur répondez-vous ?En fait, il y a peu de différence entre nos deux cultures. Celle de Lehman Brothers était forte et très collégiale et Nomura s'appuie aussi beaucoup sur le travail en équipe. Les Américains étaient minoritaires chez Lehman Brothers en Europe comme les Japonais l'étaient chez Nomura. Nous avions en réalité chacun un mélange important de nationalités différentes. En Europe, les équipes de Lehman Brothers ont finalement une culture très européenne et l'intégration a été très facile.Quel regard portez-vous sur la stratégie d'expansion de votre concurrent Mitsubishi ?D'une manière générale, les banques japonaises ont un bel avenir car elles n'ont pas été frappées par la crise comme les autres. Mais il y a deux approches. La nôtre, qui consiste à accroître nos équipes pour étendre notre réseau. Et celle de Mitsubishi, qui mise sur le développement d'alliances stratégiques, qui nécessitent d'investir beaucoup d'argent. Nous pensons que notre démarche a au moins le mérite de la simplicité. Propos recueillis par Matthieu Pechbertytakumi shibata, directeur général délégué de Nomu
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