Vodafone se recentre sur la rentabilité

Par latribune.fr  |   |  538  mots
La téléphonie mobile n'est plus épargnée par les cycles économiques, et les marchés émergents demandent plus de temps que prévu pour tenir leur promesse. Le premier opérateur mondial Vodafone l'avait révélé en émettant un premier avertissement sur résultats en juillet. Il l'a confirmé hier en publiant ses comptes semestriels. L'opérateur britannique a une nouvelle fois revu à la baisse sa prévision de chiffre d'affaires pour l'exercice clos fin mars 2009. Il table désormais sur une fourchette de 38,8 à 39,7 milliards de livres (46,6 à 47,8 milliards d'euros), au lieu de 39,8 à 40,7 milliards annoncés en juillet. En revanche, il maintient son objectif de profit opérationnel ajusté autour de 11 à 11,5 milliards de livres. Les investisseurs ont salué la nouvelle, le titre ayant pris jusqu'à 8,3 % en séance hier à Londres sur un marché en recul. Vodafone a rassuré en indiquant que, face à des conditions économiques plus difficiles, il entendait privilégier la rentabilité, l'amélioration des performances des activités existantes, plutôt que l'expansion. La dernière opération, annoncée le 6 novembre, était la prise de contrôle de son affilié sud-africain Vodacom, pour 1,7 milliard d'euros. Le groupe prévoit des réductions de coûts qui atteindront 1 milliard de livres par an à partir de 2010-2011 à travers des économies touchant les dépenses administratives, de technologies, commerciales (facturation électronique?). Sur les six premiers mois de l'exercice clos le 30 septembre, Vodafone a publié un chiffre d'affaires de 19,9 milliards de livres en hausse de 17,1 %, mais avec une croissance organique limitée à 0,9 %. Son bénéfice opérationnel à 5,8 milliards de livres, en hausse de 10,5 %, est en recul de 1 % à périmètre constant. pression européenneEn Europe, qui continue à représenter près de 73 % de l'activité de l'opérateur, il a dû faire face à des difficultés en Espagne, annoncées dès juillet, mais aussi au Royaume-Uni où le chiffre d'affaires a baissé de 1,7 % au deuxième trimestre. Dans son pays d'origine, la hausse de 30 % des revenus issus de l'échange de données n'a pas compensé les désabonnements ni la baisse des revenus de la voix provenant des appels internationaux, due à la pression européenne sur les tarifs et à la diminution des voyages en période de crise. Toutefois, Vittorio Colao, directeur général de l'opérateur, a reconnu devant les analystes financiers que le groupe « n'avait pas réagi assez vite ». Il a plaidé pour une politique de prix offensive, à l'image des offres « Superflat », lancées en Allemagne, qui proposent un forfait global de services pour l'ensemble des membres d'un foyer. La dépréciation des activités en Turquie a entraîné la baisse du résultat semestriel de 35 %, à 2,14 milliards de livres. Admettant que l'activité en Turquie, en recul de 2 %, s'est révélée décevante, Vittorio Colao a mis en cause les piètres performances du réseau et le niveau de désabonnement élevé, du fait d'une distribution médiocre. Même si le groupe « doit y investir », ce pays de 70 millions d'habitants reste un marché attractif, a-t-il assuré. Tout comme l'Inde où Vodafone a pris 52 % d'Hutchison Essar en 2007, et où, malgré un ralentissement, la faible pénétration de la téléphonie mobile (27 %) laisse de bonnes perspectives.