Les valorisations souffrent davantage que les résultats

Par latribune.fr  |   |  422  mots
Le 11 mars 2005, le CAC 40 a ouvert à 4.046 points. Soit 1.406 points ou 53 % au-dessus du niveau sur lequel l'indice phare de la Bourse de Paris a débuté la séance hier après que furent dévoilés, avec ceux de Carrefour, les derniers résultats annuels des 40 sociétés le composant. Et pourtant les résultats publiés au titre de l'année 2008 n'ont pas à rougir comparés à ceux de 2004.Le millésime 2008 a affiché 58,4 milliards d'euros de bénéfices à opposer aux 66 milliards livrés par celui de 2004. La chute de valeur en quatre ans des actions cotées à la Bourse de Paris doit donc très peu à la moisson des bénéfices. Le niveau des taux d'intérêt sans risque à long terme ? le rendement des emprunts d'État à 10 ans ? n'explique pas non plus l'évolution désastreuse du cours des valeurs vedettes de la Bourse de Paris puisque le rendement (3,77 %) que procuraient les obligations assimilables du Trésor il y a quatre ans se révèle supérieur au 3,65 % que l'on peut actuellement constater. Aussi est-il vain d'apprécier les actions en s'appuyant sur les résultats publiés. De même n'est-il pas probant de donner un prix en instantané au regard des rendements obligataires qui constituent certes un élément important, mais pas suffisant. Ce sont les perspectives qu'il convient de prendre en compte. Et là, force est de reconnaître que le contexte est bien différent. un avenir sombreIl y a quatre ans le scénario de la croissance était au rendez-vous et les attentes des investisseurs n'ont pas été déçues puisque les bénéfices du CAC 40 ont connu une envolée au cours des trois années suivantes pour culminer à près de 100 milliards en 2007. Aujourd'hui la situation n'a plus rien à voir. Le rebond de près de 15 % qu'entrevoit le consensus des analystes apparaît chimérique, comme le souligne ci-contre Jean-Luc Buchalet. Si certains observateurs tempêtent de voir le marché valorisé avec des multiples de haut de cycle alors qu'ils constatent des bénéfices dans leurs plus basses eaux, les pessimistes ne veulent retenir que les piteux indicateurs macroéconomiques qui laissent peu de place à un rebond rapide des résultats. Reste que le rendement des actions frôle dorénavant les 7 %. Un niveau qui souffrira des prochains accidents dans la sphère financière alors que le marché valorise un taux de défaut des émetteurs de dette inconnu depuis la dépression de 1929. Christophe Tricaud