Les Leitzgen ont écrit une charte familiale en 2006. Anne et sa s?ur Caroline s'engagent à ne jamais choisir leur compagnon parmi les salariés de l'entreprise. « Il n'y aura jamais de discorde ni de discussions là-dessus. On n'en parle plus », confirme la présidente de la Salm. « Être un business de femmes, c'est un choix bien assumé, explique Antonia Leitzgen. Les banquiers trop gourmands, je les mets dehors. » Jean-Marie Schwab, qui observe la famille depuis trois décennies, semble apprécier un caractère que d'aucuns jugeraient très expéditif : « Si nous ne sommes pas d'accord, à l'issue de nos réunions dans le salon de Mme Leitzgen, il n'y a plus qu'une parole. Finalement, cette confiance est confortable. En plus, le style est naturel : elle parle à un ouvrier comme elle parle à un ministre. Ce sont les mêmes mots spontanés, le même mélange de français, de dialecte et d'allemand. » Pas de fausse pudeur, non plus, dans cette famille qui fait vivre une grande partie de la vallée par ailleurs sinistrée de Sainte-Marie-aux-Mines : quand elle est de bonne humeur, Antonia Leitzgen sort volontiers sa Carrera 2, pour foncer faire un tour en Allemagne. O. M.