Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles rend hommage à Sophie ...

L'art à fond la CalleL'année 1980. Alors que la Biennale de Paris bat son plein, le journal « Libération » s'interroge au sujet d'une jeune femme prénommée Sophie Calle, qui y présente de drôles de photos en noir et blanc d'hommes et de femmes endormis dans leur lit. Tous ont été invités à y passer huit heures. Huit heures au cours desquelles Mademoiselle Calle s'est attachée à les photographier à intervalle régulier, avant de leur poser des questions. Et de rédiger à l'issue de l'expérience un texte relatant la manière dont tout cela s'est passé, juxtaposé à côté du portrait des dormeurs.« Sophie Calle est-elle une artiste ? » demande « Libération ». Et comment ! La plasticienne, à laquelle le palais des Beaux-Arts de Bruxelles consacre aujourd'hui une rétrospective, n'a pas son pareil pour raconter des histoires, inventer toutes sortes de fictions autobiographiques dans lesquelles elle se met en scène, filmant ou photographiant ses performances. Tout comme elle aime aller fouiner dans la vie des autres, réécrivant au passage leur existence à sa guise. Car Sophie Calle a su mettre au point un dispositif mariant avec brio texte et image généralement présentés sous forme de séquences.Ainsi s'était-elle plu à suivre des inconnus dans la rue, à la fin des années 1970. Jusqu'à se retrouver à Venise. Là, elle parvient à se faire embaucher par un hôtel comme femme de ménage. Et en profite pour photographier le contenu des valises des clients, dressant pour chacun le compte rendu de son séjour dans l'établissement vénitien. De retour en France, elle demande à sa mère de la faire filer par un détective privé et en fait une ?uvre.Lettre de ruptureEt que dire de ces histoires de c?ur qu'elle nous raconte à longueur d'installations. Jusqu'à la dernière, qui lui a inspiré une ?uvre dévoilée à la Biennale de Venise en 2007 pour représenter la France. Partant d'une lettre de rupture qui se terminait par « Prenez soin de vous », elle avait demandé à une centaine de femmes exerçant toutes sortes de métiers, d'interpréter ces dernières paroles. Comédiennes, cruciverbistes ou danseuses s'en sont donné à c?ur joie. Égocentrique ? Certainement. Mais surtout universel.Au fil des ans, Sophie Calle s'est aussi régulièrement évadée de la sphère intime pour s'intéresser à des questions d'ordre esthétique, interrogeant ? là encore ? les thèmes qui lui sont chers comme la disparition, le manque ou l'absence. On la retrouve au musée d'Art moderne de la ville de Paris, demandant au personnel de lui raconter ou de lui dessiner de mémoire une ?uvre de Bonnard, intitulée « Nu dans le bain », prêtée à une autre institution.Achetées par les plus grands musées ou par d'importants collectionneurs privés, les ?uvres de Sophie Calle restent encore très abordables. Certes, les pièces les plus anciennes sont pratiquement introuvables. Car l'artiste n'édite jamais son travail à plus de sept exemplaires. La galerie Emmanuel Perrotin, qui la représente à Paris, propose par exemple des pièces de la série « Cash machine » à partir de 3.500 euros. Ces portraits, tirés à deux exemplaires, ont été réalisés à partir de bandes volées de vidéosurveillance de guichets automatiques. Certaines images issues de la série « Douleur exquise », emblématique de son travail, sont cédées à partir de 7.000 euros. Toutes ont été réalisées à l'occasion d'un voyage au Japon à l'issue duquel la plasticienne a été victime d'une rupture amoureuse. Ses grands formats se vendent entre 20.000 euros et 24.000 euros, ce qui reste très raisonnable pour une artiste de cette stature.Mais c'est certainement lors de ventes aux enchères que l'on fera les plus belles affaires. Si les grands formats sont cédés plus ou moins aux mêmes prix qu'en galerie, les petits formats se sont vendus ces derniers temps autour de 2.000 euros, comme les photos issues de la série « Father and Mother » (« Unknown Child », des exemplaires estimés entre 2.000 et 4.000 livres, cédés à 1.500 livres (1.896 euros) chez Phillips de Pury & Company le 29 juin 2008.Yasmine you
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