A400M : tensions entre EADS et ses clients

Par latribune.fr  |   |  387  mots
Dialogue de sourds entre EADS et les pays clients de l'A400M. Alors que le groupe européen clame qu'il veut renégocier certaines modalités du contrat - notamment les pénalités en cas de retard - du programme de l'avion de transport militaire européen, des pays, dont la France, refusent de discuter quoi que ce soit avec EADS et sa filiale Airbus. Non pas par principe mais parce que le groupe européen ne leur a fourni jusqu'ici ni un calendrier de livraison révisé ni même la nature des dysfonctionnements dont souffre l'A400M ainsi que les solutions pour y remédier." Nous n'avons aucune visibilité technique sur ce programme, confirme-t-on à Paris. Et nous ne discuterons pas avec les responsables du groupe sans avoir un calendrier précis et les nouvelles performances de l'appareil. " Pas sûr que EADS et Airbus disposent eux-mêmes d'une visibilité claire des difficultés techniques du programme, soupire-t-on en interne. La France et l'Allemagne ont d'ores et déjà réclamé à EADS des pénalités pour les retards.Ce programme tourne semble-t-il au cauchemar pour le président exécutif d'EADS Louis Gallois. Si, effectivement, le moteur est une source d'inquiétudes, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt. Ainsi, la maîtrise d'oeuvre de l'appareil, attribuée aux Espagnols, ne semble pas toujours satisfaisante. À tel point que EADS va à nouveau provisionner pour faire face aux échéances financières du programme. Car la provision de 1,4 milliard d'euros, passée sur l'exercice 2007, ne concernait que les retards déjà annoncés... et non les nouveaux. Les analystes tablent ainsi sur 200 à 700 millions d'euros de charges supplémentaires.Le 25 septembre, EADS et Airbus ont annoncé que le premier vol de l'A400M, prévu fin 2008, était reporté à une date non précisée, entraînant un conflit avec les motoristes, dont Safran. De son côté, Patrick Bellouard, directeur de l'administration exécutive de l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (Occar), qui a signé ce contrat de 20 milliards d'euros pour 180 avions, avait indiqué que les premières livraisons auraient " au moins " un an de retard. Sept pays de l'Otan (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Espagne, Belgique, Luxembourg et Turquie) ont commandé au total 180 appareils. L'Afrique du Sud et la Malaisie en attendent 12 autres.