Perte historique de 12 milliards d'euros pour HBOS

Par latribune.fr  |   |  496  mots
Lloyds Group a-t-il fait une erreur en acquérant Halifax Bank of Scotland (HBOS) ? La banque a révélé hier que les pertes nettes de HBOS ont atteint près de 11 milliards de livres (12,4 milliards d'euros) l'an dernier. Prenant le marché par surprise, le groupe a lancé l'avertissement sur résultats en début d'après-midi, provoquant immédiatement un effondrement du cours de Bourse. L'action reculait en fin de journée de 35 %, proche de son niveau le plus bas atteint le mois dernier.La perte de 11 milliards provient à hauteur de 7 milliards des provisions passées pour créances douteuses dans son portefeuille de prêts aux entreprises, et à 4 milliards d'actifs toxiques. En d'autres termes, c'est la récession qui frappe avant tout HBOS, plus que la crise des marchés financiers.Au passage, il s'agit aussi d'un véritable règlement de comptes entre Éric Daniels, le directeur de Lloyds Group, et Andy Hornby, l'ancien directeur de HBOS. L'avertissement provient en effet « de l'application d'une méthodologie plus conservatrice » dans l'estimation des provisions. Une façon polie de dire que les comptes de HBOS sous-estimaient largement l'ampleur des pertes.Éric Daniels, qui était interrogé par le comité parlementaire au Trésor en milieu de semaine, reconnaissait qu'il aurait normalement étudié « trois à cinq fois plus » les comptes de HBOS avant son acquisition s'il avait eu le temps de le faire. Mais la fusion, facilitée par le gouvernement britannique, s'est faite dans la précipitation en septembre alors que la première banque hypothécaire du pays risquait la faillite. Le patron de Lloyds Group ajoute que sans la fusion il n'aurait pas demandé à l'État d'injecter du capital dans son groupe. Au lieu de quoi Downing Street y a mis 17 milliards de livres (19 milliards d'euros) et possède 43 % du groupe fusionné.Extrême fragilitéLes arguments d'Éric Daniels semblent d'autant plus crédibles que Lloyds TSB (la banque avant la fusion) annonce pour 2008 un bénéfice avant impôts d'environ 1,3 milliard de livres (1,5 milliard d'euros). C'est 66 % de moins que l'année précédente, mais cela reste dans le vert.Le groupe fusionné se retrouve donc dans une position dangereuse, avec un ratio de capital « core tier one » au 31 décembre « entre 6 % et 6,5 % ». « Cela va faire de Lloyds la banque la moins capitalisée de Grande-Bretagne, à l'exception de Barclays, mais contrairement à Barclays, elle perd de l'argent », s'inquiète Alex Potter, analyste à Collins Stewart. La probabilité d'une nouvelle augmentation de capital semble donc avoir sérieusement augmenté.« Il semble de plus en plus que Lloyds est tiré vers le bas par le poids mort de HBOS et que l'État va devoir prendre une participation majoritaire dans le groupe, qui sera suivie inévitablement par une nationalisation », estime Vince Cable, porte-parole du Parti libéral-démocrate en charge de l'économie. Lloyds Group devra tenter de rassurer les marchés lors de la présentation de ses résultats annuels le 27 février.