« Nous devons éliminer les banques non viables » -

Par latribune.fr  |   |  659  mots
Alexandre Tourbanov, directeur général de l'Agence d'Assurance des DépôtsQuel est le rôle de l'Agence d'assurance des dépôts ?Notre mission est de protéger en premier lieu les intérêts du petit épargnant, qui n'a pas la capacité d'apprécier les risques. La loi oblige toutes les banques russes de détail à collaborer avec nous via une contribution trimestrielle. Actuellement 940 banques sont concernées, représentant un total de 136,6 milliards d'euros de dépôts individuels.Quel est le profil type d'une banque russe victime de la crise ?Les banques les plus fragiles face à la crise sont celles dont les portefeuilles sont peu diversifiés, dont les affaires dépendent trop de l'activité du propriétaire de la banque. Ce sont aussi les banques très actives sur les marchés actions. Enfin, celles qui ont prêté aux clients des secteurs les plus exposés aux conséquences de la crise (BTP, petit commerce, industrie de transformation et métallurgie).Quel type de banque mérite votre aide ?Toutes ne peuvent pas compter sur l'aide de l'État. En tout cas pas les banques de poche [Ndlr, qui desservent les intérêts d'une seule entreprise] ni celles qui ont pris des risques sur les marchés actions. La loi dispose que l'État doit intervenir lorsque apparaît une menace pour la stabilité au niveau fédéral ou régional. Par exemple une banque créancière de l'usine principale d'une ville ou une banque servant d'intermédiaire clé pour la distribution d'aide sociale de l'État. Il faut aussi que l'assainissement d'une banque soit moins coûteux que sa mise en faillite.Le système bancaire russe, qui compte 1.100 banques, doit-il se concentrer ?Notre tâche primordiale ne se formule pas en termes de « réduction du nombre de banques » mais en termes d'amélioration de l'efficacité du système. Pour y arriver, nous devons éliminer les banques non viables. Un réseau d'une centaine de banques me semble trop peu pour la Russie. La géographie joue ici un rôle important. Même avec un réseau très développé, 100 banques ne pourront desservir un territoire aussi vaste que le nôtre.La crise aide-t-elle à épurer le système bancaire russe ?La crise va permettre un assainissement. La croissance des crédits non remboursés, le reflux des dépôts de détail, les difficultés de refinancement, tout cela conduit à éliminer les banques flaibardes. Le nombre de banques va aussi diminuer via un processus de concentration déjà entamé.Depuis la fin 2008, on observe un transfert des dépôts depuis les banques privées vers les banques d'État, en particulier Sberbank. Ce processus s'observe-t-il aussi chez les banques étrangères ?La part des banques d'État dans les dépôts individuels a légèrement augmenté, de 3 % depuis l'automne dernier (de 59,5 % à 62,5 %). En revanche, cela n'a pas été au détriment des banques étrangères, puisqu'elles ont vu leur part très légèrement augmenter, de 4,2 % à 4,3 %. La tendance du transfert vers les banques d'État va probablement se poursuivre à court terme.Les banques étrangères vont-elles se développer en Russie ?Vu les problèmes des grandes banques internationales, il est difficile d'imaginer actuellement une expansion de ces banques en Russie.Les banques russes restent-elles attractives pour les banques mondiales ?Il est évident qu'elles traversent une période difficile. Mais les banques russes sont loin d'être celles qui s'en sortent le plus mal. Toute une série de banques russes intéressent des investisseurs étrangers. Mais je doute qu'ils disposent de moyens nécessaires. La consolidation cette année va se faire essentiellement par le biais de capitaux russes.Propos recueillis à Moscou par Emmanuel Grynszpan DRLa loi dispose que l'État doit intervenir lorsque apparaît une menace pour la stabilité au niveau fédéral ou régional.