La victoire d'Ahmadinejad embarrasse Obama

Par latribune.fr  |   |  486  mots
INternationalélectionLa situation restait extrêmement tendue hier soir en Iran, les partisans et les opposants de Mahmoud Ahmadinejad, officiellement réélu avec 62,6 % des voix, continuant d'occuper la rue. Le guide suprême de la révolution islamique, Ali Khamenei, qui détient le vrai pouvoir en Iran, a qualifié de « vraie fête » la réélection du candidat ultraconservateur. Mir Hossein Moussavi (33,7 %), principal opposant à Mahmoud Ahmadinejad, a demandé au Conseil des gardiens de la révolution d'annuler le scrutin et invité « les Iraniens à poursuivre leurs manifestations à l'échelon national ». De nombreux pays, des États-Unis à la France, ont émis des doutes sur la régularité du scrutin.Le régime de Mahmoud Ahmadinejad, qui a qualifié le scrutin de « camouflet » pour les « oppresseurs » du monde, est entré dans une ère de confrontation inédite. Jamais un ancien leader de la révolution islamique ? Mir Hossein Moussavi a été Premier ministre de 1981 à 1989 ? n'avait appelé les Iraniens à manifester. Une révolte violente semble toutefois improbable. « Les Iraniens ont la certitude que le régime aura toujours le dernier mot », estime Antoine Basbous, président de l'observatoire du monde arabe.le point d'achoppement La victoire de Mahmoud Ahmadinejad complique singulièrement la donne pour l'administration Obama, qui avait proposé de renouer le dialogue avec la République islamique. D'autant que sur la question du nucléaire, principal point d'achoppement avec la communauté internationale, le président iranien a exclu tout retour en arrière. Le vice-président américain a indiqué qu'il y avait des « vrais doutes » sur la légitimité du scrutin mais il a bien pris soin de ne pas se ranger derrière l'opposition. Pendant la campagne, « Barack Obama a été assez malin pour ne pas se positionner comme anti-Ahmadinejad, si bien qu'il n'y a pas de contentieux entre les deux hommes », souligne olivier Roy, chercheur au CNRS.L'administration Obama est de toute façon décidée à engager des négociations avec l'Iran et son président Mah­moud Ahmadinejad. « Les États-Unis ont des intérêts fondamentaux en jeu et entendent bien les poursuivre, a indiqué une source officielle américaine sous couvert de l'anonymat à l'agence Bloomberg. Il s'agit notamment de prévenir une course aux armements qui pourrait déstabiliser l'ensemble de la région. Cela signifie poursuivre les efforts pour que l'Iran abandonne son objectif d'obtenir l'arme nucléaire ». « L'Iran va peut-être baisser d'un cran dans la rhétorique antioccidentale mais ne déviera pas d'un pouce sur son programme nucléaire et son soutien au Hamas et au Hezbollah », estime Olivier Roy. Pour ce spécialiste de la région, la réélection d'Ahmadinejad n'est pas forcément une mauvaise nouvelle pour Israël. « Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou peut y voir un créneau pour une intervention militaire visant à détruire le potentiel nucléaire iranien même si les États-Unis sont désormais hostiles à cette option. » n