Le soufflé sur le yen se dégonfle

Par latribune.fr  |   |  380  mots
On l'enterre à intervalles réguliers, il renaît de ses cendres dès que l'aversion au risque baisse d'un cran : le carry trade a la dent dure. Les stratégies de portage qui consistent à spéculer sur les écarts de taux offerts sur les monnaies étaient devenues hautement périlleuses au plus fort de la crise financière. Les plans de sauvetage des banques qui se mettent en place un peu partout dans le monde ont fait revenir leurs adeptes. C'est la raison pour laquelle l'euro, qui rapporte 2,25 % de plus que le billet vert, a rebondi au-dessus de 1,37 dollar, après avoir reculé jusqu'à 1,3260 vendredi dernier.C'est surtout ce qui explique pourquoi le yen, vecteur de choix de ces stratégies, a reperdu tout le terrain supplémentaire gagné depuis début octobre. Assortie des rendements les plus faibles du monde industrialisé, le taux directeur de la Banque du Japon campant sur le seuil de 0,5 % depuis février 2006, la monnaie de l'archipel avait engrangé les gains les plus spectaculaires des grandes monnaies mondiales au plus fort des turbulences.HIER, UNE PERTE DE 5% FACE AU DOLLAROn l'avait vue franchir allègrement la barre des 100 pour 1 dollar, bondir jusqu'à 97,90 et retrouver ses meilleurs niveaux face à l'euro depuis deux ans à 132,25. Hier, au plus bas dans les transactions, le yen ne valait plus que 103,05 et 141,75 respectivement, soit une baisse de 5 % vis-à-vis du dollar et de 6,5 % face à l'euro en trois séances. Fait rare sur le marché des changes : c'est un mouvement d'amplitude comparable aux décalages récents observés sur les places boursières, exception faite de la journée de tous les records, lundi.Faut-il voir dans la décrue du yen un signe de sortie de crise, tant est forte la corrélation inverse entre les évolutions de la monnaie japonaise et des indices boursiers ? Ce serait prématuré. Mais si le yen continuait à dériver, il redeviendrait le baromètre de l'aversion au risque, laissant augurer d'une période d'accalmie boursière. Rappelons que cette corrélation inverse tient au rôle prééminent joué par le Japon, deuxième puissance économique mondiale, comme pourvoyeur de capitaux à l'échelle de la planète. Et qu'il en est un plus ou moins gros exportateur selon l'état des marchés.