Quand le secteur du BTP devient défensif

Par latribune.fr  |   |  434  mots
Les groupes de BTP (bâtiment et travaux publics), nombreux à avoir publié leur chiffre d'affaires du premier trimestre cette semaine, sont habituellement rangés dans les catégories des valeurs « cycliques douces. » Autrement dit, les titres du BTP suivent généralement la tendance du marché, sans l'amplifier. Est-ce l'exception qui confirme la règle ? En tout état de cause, depuis le début de l'année, le secteur européen du BTP surperforme le marché. Alors que l'indice CAC 40 perd 2?% depuis janvier, le cours de Vinci grimpe de 11,4 %, et celui d'Eiffage de 10,5 %. Bouygues est moins bien loti, mais son recul de 1,2 % demeure inférieur à celui du CAC 40. Ailleurs en Europe, la tendance est la même. L'action du britannique Balfour Beatty s'octroie près de 7?% depuis le début de l'année, et le titre de l'allemand Hochtief cède 3 % seulement, quand l'indice Dow Jones Euro Stoxx 50 plie de 4,4 %.Les résultats annuels et les perspectives publiés par les groupes de BTP ces derniers mois expliquent en grande partie le rebond boursier du secteur, qui accusait encore début mars une chute de l'ordre de 17 % depuis janvier. De Vinci à Eiffage en passant par Bouygues, ces sociétés avaient fait ? et font toujours ? état de carnets de commandes solides, qui assurent une bonne visibilité sur leur activité en 2009. Normal, car il s'agit de contrats engrangés lors de la période faste des années 2006 à 2008, avant l'éclatement de la crise mondiale de l'immobilier.En revanche, les entreprises sont peu disertes sur 2010. Et pour cause : compte tenu de la récession économique, l'agence d'évaluation financière Fitch, dans une récente note, s'attend « à une baisse sensible des carnets de commandes au cours des deux prochaines années ». Non seulement les commandes pourraient se faire plus rares, mais les groupes de BTP risquent de les accepter à n'importe quel prix, ce qui gonflerait leur chiffre d'affaires mais abaisserait leurs marges, s'inquiète Fitch. L'agence redoute également que, toujours dans le souci d'accroître leurs volumes, les entreprises de BTP n'acquiescent à des projets techniquement complexes, ou situés dans des régions problématiques, et donc risqués et coûteux. Conséquence, Fitch table sur une chute comprise entre 5?% et 10 % de l'activité annuelle des branches construction des groupes européens de BTP, jusqu'en 2011. À cet horizon, l'excédent brut d'exploitation du secteur devrait tomber en moyenne à 4 % environ, contre 6 % en 2008, d'après l'agence. Pour se redresser ensuite, car c'est à partir de 2011 que les programmes de grands travaux récemment lancés par plusieurs gouvernements pour redynamiser leurs économies devraient porter leurs premiers fruits. Christine Lejoux