Bâle la sérénissime

Par latribune.fr  |   |  463  mots
Une exposition sur Venise ? Difficile d'imaginer sujet plus classique. Plus périlleux aussi. C'était sans compter le savoir-faire des équipes de la fondation Beyeler à Bâle qui ont, cette fois, réunis 150 oeuvres réalisées par une douzaine d'artistes entre 1723 et 1908. Parmi eux, Turner (1775-1851), Manet (1832-1883), Monet (1840-1926) ou John Singer Sargent (1856-1925).Présentées dans un ordre chronologique, leurs toiles racontent non seulement l'histoire de la ville, mais elles retracent aussi l'évolution de son statut au fil des siècles, tout en déroulant les temps forts de l'histoire de l'art occidental. Au final, c'est une belle histoire de la modernité qui s'écrit au fil des salles.LIEU DE PELERINAGELongtemps épiée, la cité des Doges est devenue un lieu de pèlerinage pour les artistes dès le XVIIIe siècle. Elle inspire autant les peintres que les photographes, les écrivains (George Sand ou Marcel Proust), les philosophes (Nietzshe) ou les poètes (Lord Byron).Canaletto et Guardi peignent la place Saint-Marc en donnant des précisions photographiques sur chaque détail architectural. Manet, lui, rompt carrément avec la tradition, puisque aucun monument n'est reconnaissable dans ses toiles. Monet préfère pour sa part jouer avec les lumières sur différents palais vénitiens. Signac se focalise sur l'eau et ses gondoles, tandis qu'Odilon Redon s'intéresse aux nuages et à l'atmosphère. L'Américain John Singer Sargent met en avant la vie quotidienne et brosse le portrait d'une ville presque menaçante.L'architecture épurée des lieux, conçue par Renzo Piano, magnifie chacune de ces oeuvres. À commencer par celles de Turner réunies dans une seule et même salle. Ses toiles, éclairées à la lumière naturelle, retrouvent un éclat qu'on avait fini par oublier.Reste à savoir si la ville ­continue d'attirer les artistes d'aujourd'hui. Oui, répond avec force la fondation qui a convoqué les très contemporains Vera Lutter et David Claerbout. Pour l'occasion, ce dernier propose quatre caissons lumineux de photos en noir et blanc saisies à l'aube ou au crépuscule. Tous sont présentés dans une salle plongée dans l'obscurité où pénètre le spectateur pour découvrir les silhouettes de la ville. Un démenti cinglant aux dires de Monet pour qui Venise est " trop beau pour être peint ".Autour de l'expo" Venise de Canaletto et Turner à Monet ", Fondation Beyeler.Tél. : +41 (0) 61.645.97.00. www.beyeler.comJusqu'au 29 janvier.Un hôtel et un restaurant" Les Trois Rois ". Situé dans la vieille ville, cet hôtel a vu défiler Napoléon, Elisabeth II ou Picasso." Chez Donati ", le restaurant de l'hôtel est une institution connue pour sa cuisine piémontaise, ses lampes Murano et ses tableaux d'art moderne. Tél. : +41.61.260.50.50 www.lestroisrois.com