Le Japon retrouve la croissance après un an de récession

Par latribune.fr  |   |  427  mots
conjonctureAprès la France et l'Allemagne, le Japon est le troisième pays de l'OCDE à sortir de la récession. Le PIB pour le deuxième trimestre, rendu public hier, a progressé de 3,7 % en rythme annuel. L'archipel revient de loin : les deux trimestres précédents s'étaient soldés par une contraction de 13,1 %, et de 11,7 %. Le Japon a été, parmi les pays avancés, le plus touché par la chute brutale de la demande mondiale. Celle-ci a mis au chômage technique son formidable appareil industriel tourné vers l'exportation, qui assure l'essentiel de sa croissance. La demande intérieure, minée par la dégradation lente mais certaine des conditions de vie des Japonais (baisse des salaires, sous-financement des retraites, rendement nul de l'épargne, montée du chômage, précarisation de l'emploi, etc.), stagne depuis vingt ans. Cette fois, pourtant, c'est celle-ci qui est à l'origine du sursaut enregistré au deuxième trimestre. Le gouvernement Aso, aux abois à quelques semaines d'élections législatives qui s'annoncent difficiles, a usé de toutes les ficelles pour soutenir l'activité : prêts aux entreprises, incitation à la consommation sous forme d'aides fiscales aux achats de produits « verts », et même distribution directe d'enveloppes d'argent liquide à toute la population en âge de consommer ! Résultat : une hausse de la consommation de 3,1 % au deuxième trimestre, et un envol de l'investissement public (+ 36,3 %), qui ont tiré la croissance. À cette embellie s'est ajoutée une légère hausse des exportations.Mais avec de telles recettes, personne ne croit que l'activité pourra se maintenir longtemps. Dans le sillage de la publication du PIB, la Bourse a dérapé, signe de l'incrédulité des investisseurs? D'aucuns prédisent une reprise en « W » au Japon, où l'activité chuterait une nouvelle fois à l'automne, avant de se reprendre, éventuellement, en 2010. un nouveau modèleMais de quelle activité parle-t-on ? Même après s'être redressée, la production de Toyota est ainsi inférieure de 40 % à ce qu'elle était l'an passé à la même époque. « Il se peut que la demande mondiale n'atteigne plus jamais le niveau de 2007 », se lamente Hisataka Nobumoto, président de l'association des équipementiers automobiles japonais. Cette chute ne fait qu'accélérer un déclin industriel du pays entier, entamé il y a vingt ans : depuis 1991, la production nippone a perdu 30 %. Le Japon doit donc se trouver un modèle de croissance nouveau, fondé sur la demande intérieure. C'est précisément ce que propose le Parti démocrate du Japon (PDJ), parti d'opposition, donné favori aux élections législatives du 30 août.