La Chine accapare le pétrole russe

Il y aura moins de pétrole russe pour les Européens, et davantage pour les Chinois à mesure que les gisements actuels de Sibérie occidentale s'épuisent. Pour s'assurer un accès privilégié au pétrole de demain, Pékin offre des financements à la fois volumineux, probablement avantageux et à long terme (vingt ans) à des pétroliers russes déjà très lourdement endettés. L'accord signé entre la China Development Bank et les groupes pétroliers d'État russes Rosneft et Transneft, mardi, est garanti par l'exportation de 300 millions de tonnes de brut vers la Chine sur vingt ans à travers l'oléoduc Sibérie orientale-océan Pacifique (SOOP), dont la construction est toujours en cours. D'importants paramètres n'ont pas été réglés, en tout cas pas révélés, comme le taux du crédit (des sources parlent de 5 à 6 % par an, d'autres d'un Libor + 3-3,5 %). Le prix du brut pourrait être indexé sur une base mensuelle selon le quotidien « Vedomosti », et fixé sur le cours du baril dans la baie de Kozmino, sur la côte pacifique.Rosneft va recevoir 15 milliards de dollars et Transneft 10 milliards de dollars. « Les crédits seront utilisés pour le développement de gisements pétroliers en Sibérie orientale, pour construire l'infrastructure de transport associée et pour des opérations de refinancement », estime Alexeï Bourganski, analyste chez Renaissance Capital. Rosneft est endetté à hauteur de 22,8 milliards de dollars et doit rembourser au moins 9 milliards de dollars cette année, selon la banque d'investissement UralSib.D'importants avantagesLa Chine pourrait, en retour de ses largesses, bénéficier d'avantages considérables, alors que, jusque-là, le Kremlin s'est montré particulièrement vigilant à ne pas laisser les pétroliers chinois s'emparer de groupes pétroliers russes. « Deux options sont possibles », estime Victor Michniakov, analyste chez UralSib. « Soit les Chinois reçoivent un plus grand accès aux gisements sibériens via des coentreprises avec Rosneft, soit le pipeline SOOP est transformé en coentreprise avec une part de 49 ou 50 % par les Chinois. » Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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