Soupe au laitUn préfet réveillé par un canon à corbeaux, des...

Soupe au laitUn préfet réveillé par un canon à corbeaux, des tracteurs bloquant des centres-villes, des feux de palettes, des litres de lait déversés sur les pavés? Autant d'images familières dans un pays coutumier des jacqueries. Mais cette guerre du lait n'a rien d'un « remake ». On ne saurait la réduire ni à une simple crise de surproduction, source d'effondrement des cours, ni au traditionnel conflit entre agriculteurs et grands distributeurs. Ce qui frappe, dans ce dossier, c'est le bouleversement des règles du jeu, sa mise en ?uvre à contretemps et l'impréparation des acteurs. Bruxelles et Paris se sont ligués pour désorganiser une filière qui n'a pas su, non plus, trouver en son sein une réponse concertée. C'est Bruxelles, d'abord, qui assouplit sous présidence française les quotas de production pour anticiper leur disparition en 2015. La mesure est applaudie quand les cours mondiaux du lait s'envolent. Ils se sont effondrés depuis. C'est à Paris, ensuite, que la Direction de la concurrence, qui a une sainte horreur de tout ce qui ramène le calme dans les campagnes, déclare illégal le traditionnel système interprofessionnel de fixation du prix du lait. Effondrement brutal des prix mondiaux, suppression programmée des quotas européens, disparition d'un prix de référence national et négocié, tous les ingrédients d'une explosion étaient là. Michel Barnier, le ministre de l'Agriculture, a pressenti la crise qui a incité les professionnels à élaborer un nouveau système de prix plus ou moins concerté. Il n'a pas été écouté. Et l'on se retrouve avec un prix du lait ayant chuté de 30 %, des producteurs pris à la gorge, des industriels qui ont cru pouvoir profiter de la baisse et des actions vengeresses, soupe au lait. Les Français, impuissants, se consoleront peut-être en constatant que les choses ne vont pas mieux de l'autre côté du Rhin. Mais on a envie de dire, pour une fois, tous coupables. [email protected]
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