Le groupe français en queue de pelotonpar Fabrice Gliszczyn...

Le groupe français en queue de pelotonpar Fabrice GliszczynskiC'est le monde à l'envers. Habitué ces dernières années à figurer parmi les compagnies les plus profitables du monde, Air France-KLM se retrouve aujourd'hui en queue de peloton. La perte opérationnelle abyssale de 574 millions d'euros enregistrée au cours des trois premiers mois de l'année (son quatrième trimestre) est très supérieure à celles de tous les autres poids lourds du secteur, la plupart dans le rouge aussi comme c'est traditionnellement le cas pour cette période de basse saison.Aux États-Unis, où la crise économique est pourtant plus sévère, les compagnies ont perdu beaucoup moins d'argent : 194 millions de dollars pour American, 282 millions pour United, 483 millions pour Delta, 25 millions seulement pour US Airways, 55 millions pour Continental, 50 millions pour la low-cost Southwest tandis que sa concurrente Jetblue a dégagé un profit de 73 millions. Idem en Europe où Lufthansa résiste le mieux (? 44 millions d'euros). Elle entend dégager un profit en 2009, tout comme les deux low-cost Ryanair et Easyjet. Même les compagnies les plus touchées par la crise comme Iberia (? 92 millions d'euros de pertes d'exploitation) ou British Airways qui publiera le 22 mai une perte proche de 260 millions d'euros le sont moins qu'Air France-KLM.stratégie prise en défautCet écart provient essentiellement d'une différence de coûts. Le groupe tricolore pâtit notamment de sa politique de couvertures carburant. Elles ont pesé pour 243 millions dans les pertes d'exploitation au 4e trimestre. Elles étaient excellentes contre un kérosène cher. Elles ont d'ailleurs rapporté en 2007-2008 plus d'un milliard d'euros, contribuant largement au 1,4 milliard d'euros de profits opérationnels dégagés cette année-là. Mais ce système d'assurance, qui vise à acheter le brut à venir à un prix espéré moins cher que le prix marché, s'est retourné avec la dégringolade du baril l'été dernier. Cela à la différence de ses concurrents, moins couverts, les américaines en particulier qui n'avaient pas les moyens de financer ces instruments financiers. Mais aussi des autres groupes européens, qui avaient fait le choix ne pas se couvrir autant. Au cours des trois premiers mois de l'année, la facture carburant des compagnies américaines a chuté de près de 40 %, celle de Lufthansa de 30 %, contre seulement 4,6 % pour Air France-KLM.Ce dernier a débouclé une partie de ses couvertures. Mais reste encore protégé à la hausse. Une prime sur le carburant alors que le groupe a baissé moins fortement ses capacités que les autres. Car les premiers mois de l'année étaient plus ceux du constat chez Air France-KLM que de l'action. Ceci peut être attribué à une prise de conscience de la gravité de la crise un peu tardive de la part d'une direction, absorbée en début d'année par la finalisation du dossier Alitalia et par le passage du témoin de Jean-Cyril Spinetta à Pierre-Henri Gourgeon. Mais aussi à la certitude que la solidité d'Air France-KLM lui permettra de profiter de la baisse de voilure de concurrents jugés plus faibles. Ce fut le cas en 2001 et 2002 avec les liquidations de Swissair, Sabena puis Air Afrique, qui avaient permis à la compagnie de redéployer sur les lignes juteuses du continent noir une partie de sa flotte positionnée jusque-là sur l'Amérique du Nord. Jusqu'ici il n'y a pas eu de défaillances. La seule grosse restructuration concerne SAS, mais son nombre limité de lignes long-courriers limite l'effet d'aubaine. nEntre janvier et mars 2009, la perte d'exploitation d'Air France-KLM est largement supérieure à celle de ses concurrents.
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