Le Bourget des illusions

Par latribune.fr  |   |  365  mots
La crise, bien sûr. L'effondrement du trafic aérien, naturellement. L'état calamiteux des compagnies aériennes, qui le nie ? La grippe A, ça joue, of course. L'accident du Rio-Paris, ça peut peser. Au Bourget, cette semaine, face à tant d'avanies, les constructeurs, Airbus et Boeing en tête, ont néanmoins voulu faire bonne figure. À l'heure du bilan, ils se déclarent satisfaits. « Un salon meilleur que prévu », s'est même réjoui le patron commercial d'Airbus. Il y avait pourtant dans l'air comme un refrain connu, celui de « Madame la Marquise...». La réalité, c'est que présenté comme un « Bourget de crise », ce 48e salon a dégénéré en un « Bourget des illusions ». Le carnet de commandes s'est certes rempli ? mais à un rythme qui n'a rien à voir avec celui enregistré lors des éditions précédentes. Il y a bien eu quelques nouveautés mais elles étaient rares et peu spectaculaires. Les avionneurs peuvent entretenir un certain optimisme : l'ampleur des commandes passées leur assure un coussin de sécurité pour les mois à venir. En prenant de la hauteur, ils savent aussi ? et ce n'est pas le cas pour toutes les industries ? qu'à long terme, leur marché reste porteur. Mais il va leur falloir passer une période délicate. Les années 2010, 2011, voire 2012, seront rudes. Les États ont bien montré leur intérêt pour cette industrie mais ils n'ont guère fait avancer, sinon de manière illusoire, certains grands dossiers en attente. L'A400M, l'avion militaire européen, ça va avancer. On n'en sait pas plus. Le Rafale ? Cela progresse, a-t-on dit, sans plus de précision. Ariane 6, c'est pour bientôt, sans davantage de détails. De fait, Nicolas Sarkozy ne devait faire, ce samedi, qu'un saut au salon, entre deux avions. Celui que la presse bien informée présente désormais comme un Ami des Arts se réserve sans doute, dimanche, pour la Fête de la musique. Il y entendra peut-être, en échos, comme au Bourget, ce vieux refrain de la chanson française : « Mais à part ça, madame la Marquise, tout va très bien? » eizraelewicz@latribune.fr Erik izraelewicz