Europeana.eu  : un colossal musée virtuel ? en construction

C'est encore une goutte d'eau dans l'océan de ce qui devrait être rendu disponible », admet Jill Cousins, la directrice d'Europeana. Mais c'est déjà considérable. La bibliothèque numérique européenne Europeana.eu, qui est « inaugurée » aujourd'hui à Bruxelles en grande pompe par 22 ministres de la Culture européens, contient à ce jour 2 millions de livres, tableaux, partitions, enregistrements sonores, lettres, cartes, archives télévisuelles. La France, qui revendique la paternité de ce bébé virtuel, tenait à célébrer sa naissance sous sa présidence, fût-il encore un peu maigrichon. Elle a voulu lui épargner le décor technocratique du quartier européen : les ministres se retrouveront au centre de Bruxelles, dans le palais d'un duc de Lorraine, qui abrite une partie de la Bibliothèque royale de Belgique.Mais le lieu est avant tout symbolique, car Europeana est une bibliothèque sans murs. La petite équipe de Jill Cousins, installée à la Bibliothèque nationale des Pays-Bas, agrège depuis trois ans les données que lui communiquent des dizaines d'institutions nationales, plus ou moins avancées dans la numérisation de leurs fonds. Après la France (52 %), les trois plus grands contributeurs à ce jour sont les Pays-Bas (10 % des ?uvres du fonds), la Finlande (7 %), et la Suède (8 %). Les données affluent en continu vers La Haye qui annonce une « nouvelle injection » dans deux semaines. Trois cent mille « pièces » venant d'Allemagne devraient bientôt rejoindre le fonds.La comparaison avec le moteur Google Book Search s'impose d'elle-même, même si la commissaire européenne Viviane Reding, à l'instar de Google, dément toute idée de concurrence. Jill Cousins, elle, consent à comparer les deux projets? pour mieux les distinguer. « Il n'y a pas vraiment de concurrence, car ce sont deux projets différents », assure-t-elle. « Sur Google, vous ne savez pas d'où vient ce que vous trouvez, alors qu'ici vous avez affaire à des institutions qui existent parfois depuis plusieurs centaines d'années », ajoute-t-elle.4 % numérisés en 2012Europeana.eu reste cependant un « prototype ». La première version opérationnelle 1.0 « sera lancée en 2010 avec des liens vers 6 millions d'objets numériques » puis « 10 millions en 2010 ». Actuellement, 1 % seulement des contenus des bibliothèques nationales en Europe est numérisé. L'objectif est d'arriver à 4 % en 2012. La Commission européenne dépense 120 millions par an pour améliorer les techniques de numérisation, lesquels s'ajoutent aux ressources des institutions nationales. Avec 23 langues officielles dans l'Union européenne, le multilinguisme du site est un défi à lui tout seul.Actuellement, la quasi-intégralité du contenu est dans le domaine public ou libre de droits. La négociation des droits existant sur les ?uvres protégées par le droit d'auteur ? les plus récentes ? sera un sujet juridique et financier central pour les années à venir. Pendant ce temps, Google a déjà numérisé 7 millions d'ouvrages, et son récent accord avec les éditeurs américains va lui permettre de mettre sur Google Book leur production récente.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.