La survie de « La Vie financière » ne tient plus qu'à un fil

Par latribune.fr  |   |  533  mots
Cruel paradoxe. Le tribunal de commerce de Paris a décidé hier la mise en liquidation judiciaire de l'hebdomadaire financier « La Vie financière », assortie d'un sursis de deux semaines, le temps d'examiner d'éventuelles offres de reprises. Au même moment, se tient à Lyon le congrès annuel de la Fédération nationale de la presse française où Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, doit faire aujourd'hui un point d'étape sur les états généraux de la presse censés proposer des réponses aux difficultés du média écrit.Pour « La Vie financière », le compte à rebours est lancé. Un administrateur judiciaire a été nommé hier. Il devra notamment recueillir avant le 1er décembre à 16 heures les dossiers de candidatures à la reprise du journal. Celui-ci a cessé de paraître et n'est plus disponible que sur Internet depuis le début du mois. Le tribunal de commerce tranchera le 4 décembre entre offre de reprise ou mise en ?uvre de la liquidation. Fondée en 1945, « La Vie française », devenue en 1999 « La Vie financière », est confrontée aujourd'hui aux mêmes difficultés que ses trois concurrents (« Le Revenu Hebdo », « Investir » et « Le Journal des finances »). La déprime boursière affecte la diffusion d'hebdomadaires patrimoniaux dont les ventes fluctuent au même rythme que le CAC 40.« margoulins »De plus, la conjoncture fait sentir ses effets sur la publicité. « La Vie financière », dont le chiffre d'affaires 2007-2008, atteint 13,5 millions d'euros, accuse cette année une chute de l'ordre de 40 % de ses recettes publicitaires. « Nous ne souffrons pas plus que nos concurrents, mais nous sommes indépendants et n'avons pas de gros actionnaires derrière nous », constate Michel Blanchot, le délégué syndical CFDT. Jean-François Grazi, le PDG arrivé en mai, garde l'espoir de trouver un repreneur. « Nous avons une dizaine de candidats, dont un qui sort du lot », affirme-t-il, alors que « quelques margoulins tournent autour du dossier ». Le patron de « La VF », qui ne se verse pas de salaire depuis son arrivée pour tenter de redresser l'affaire, ne veut pas en dire davantage sur ce « candidat sérieux, qui a un projet cohérent et les moyens de nous faire passer 2009 ». Avec 55 salariés, l'hebdomadaire qui diffuse un peu moins de 80.000 exemplaires sait que s'il échappe à la liquidation, il devra se remettre en cause. Repris en 2005 au groupe Express-Expansion, par Prado Finance et Gérard Blandin, le titre aurait vécu au-dessus de ses moyens : « déménagement somptuaire, embauches, augmentations de salaire », explique un responsable de la rédaction. Reste à savoir s'il y a de la place pour autant d'hebdomadaires patrimoniaux en France. Jean-François Grazi qui, après que Prado Finance eut jeté l'éponge, a arrêté cet été la diversification dans la presse immobilière et supprimé neuf postes, en est convaincu. « ?La Vie Financière? a un autre projet, plaide-t-il, réinventer le modèle économique et ne pas être un concurrent frontal des autres. » De fait, « Investir » et « Le Journal des finances » seraient également en pertes. Les salariés de « La VF » planchent également sur un projet à présenter aux repreneurs.