Bruno Cavalier : " Les points bas des indices boursiers n'ont pas encore été atteints "

Le risque de crise systémique est-il écarté ?La chute d'un très gros établissement bancaire est aujourd'hui très peu probable. Il n'y aura pas d'autres Lehman Brothers !Quel est votre scénario de sortie de la crise économique qui s'annonce ?Les agents les plus touchés sont cette fois les consommateurs. Ceux-ci sont a priori moins réactifs que les entreprises qui peuvent ajuster rapidement leurs investissements. Alors que l'Europe et les Etats-Unis sont entrés en récession pour de longs mois, sans espoir de reprise avant le second semestre 2009, la purge des excès se poursuivra même quand la reprise aura démarré. En conséquence celle-ci sera molle et très graduelle.Et à plus long terme...On ne reverra plus un rythme de 5 % de croissance mondiale. Et si en 2008 les 4 % semblent acquis, l'année prochaine verra une nette décélération avec un scénario central que nous situons à 2,5 % pour la planète. À moyen terme il ne faut pas espérer un rythme supérieur à 3-3,5 %. Ce changement de régime s'accompagnera d'un rééquilibrage mondial. La consommation américaine (70 % du PIB) ne pourra plus s'appuyer sur un endettement des ménages aussi massif que par le passé. Le crédit sera plus cher et rationné. La dynamique des revenus va s'imposer face à celle des actifs qui a donné le tempo de ces dernières années. Au niveau mondial, la réduction des déficits américains va entraîner une réallocation de l'épargne des pays émergents qui pourra s'investir dans l'investissement productif plutôt qu'en emprunts d'État américains.Les banques centrales ont-elles minimisé l'inflation du prix des actifs pour fixer leur politique monétaire ?Les banques centrales doivent mieux prendre en compte ce phénomène. Toutefois, outre le retour à une dynamique des revenus, le surcroît de régulation des banques qui est déjà en marche facilitera la prévention des banques centrales sur ce front. À côté du freinage de la distribution de crédit, on va aussi assister à celui des activités de gré à gré, dont certains pans sont appelés à disparaître. Mais ne nous leurrons pas, il y aura encore et toujours des bulles.Ne faut-il pas déjà craindre une bulle sur les emprunts d'État ?Le problème de l'inflation n'est pas près de revenir. La faible croissance des prochaines années ne plaide pas non plus pour une hausse brutale des taux. Reste la perception du risque par les investisseurs. Ces derniers vont continuer à fuir certaines classes d'actifs. La qualité se paiera. Fin 2009 aux Etats-Unis, en 2010 en Europe, les banques centrales devront relever le défi de la normalisation de leurs taux. La leçon japonaise montre qu'on n'a rien à gagner à différer le règlement des problèmes. Plus que des taux bas, l'économie a besoin de volumes de crédit.Les entreprises disposent de bilans sains et de marges record. Sont-elles suffisamment armées face à la crise ?Pas plus qu'entre les pays émergents et les pays occidentaux, il n'y aura de découplage entre les entreprises et les consommateurs. Face à l'atonie de la consommation il faut donc s'attendre à ce que les marges bénéficiaires soient touchées. L'année 2009 pourrait donc bien être marquée par un repli des bénéfices. Ce qui semble en opposition avec les attentes du consensus des analystes qui prévoit encore un sensible rebond. De quoi penser que les points bas des indices boursiers n'ont pas encore été atteints.
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