La bulle du gaz naturel n'en finit pas d'éclater aux États-Unis

Par latribune.fr  |   |  547  mots
La bulle du gaz naturel ne cesse de se dégonfler. Aux États-Unis, le prix du gaz pour livraison en février a sombré en dessous du cap psychologique des 5 dollars par MBTU (million d'unités thermales britanniques) et a franchi de nouveaux plus-bas depuis 1989 cette semaine. Le contrat pour échéance mars se traitait à 4,50 dollars hier. Selon le département de l'Énergie américain, l'offre s'est pourtant contractée de 176 millions de mètres cubes la semaine dernière. Mais le niveau des stocks est préoccupant : il excède de 3 % la moyenne constatée ces cinq dernières années.L'effondrement des prix du gaz est d'autant plus brutal outre-Atlantique qu'une véritable bulle s'était créée dans l'extraction. Après une année 2007 relativement tendue, certains sites de forages ont en effet été réactivés sur la première partie de 2008. La baisse brutale des prix, après le début du mois de juin, a toutefois inversé la tendance. Après un plus-haut à près de 14 dollars par MBTU, le recul total du prix du gaz atteint 67 %. Du coup, le nombre de puits en activité aux États-Unis a singulièrement diminué : de plus de 600 fin août, il a chuté à environ 300. Les derricks au repos sont au nombre de 367, contre seulement 311 lors du dernier bas de cycle du gaz, selon Biliana Pehlivanova, analyste chez Barclays Capital. Un indicateur qui pourrait fournir un support aux cours du gaz, même si pour l'instant aucun plancher ne semble pouvoir arrêter la glissade du combustible.crise industrielleAlors que d'autres marchés régionaux s'avèrent plus résistants à la crise économique, le marché du gaz américain est très sensible à la conjoncture industrielle. En effet, aux États-Unis, les industriels absorbent 29 % du gaz consommé dans le pays, et les chimistes sont, de loin, les premiers consommateurs. Selon UBS, ces derniers représentent en effet plus du tiers de la demande industrielle. Or, les groupes de chimie ne cessent d'annoncer des coupes franches dans leurs capacités de production, à l'instar de Dow Chemical ou de DuPont. Le recul de la demande de pétrole fait aussi ricochet sur le gaz. « Le ralentissement, et parfois la mise en sommeil, de l'exploitation des sables bitumineux en Alberta pèse sur la demande de gaz », explique un analyste américain. Et pour cause : la séparation du pétrole et du sable sur les sites canadiens, nécessite de recourir à de l'eau très chaude. Un ingrédient souvent généré à partir de gaz, dont l'Alberta est aussi riche. Faute d'être utilisé sur place, le gaz canadien inonde donc le marché américain. « La sévérité de la crise industrielle aura un impact très fort sur la demande de gaz », estimait JP Morgan hier, tout en révisant à la baisse ses projections de prix du gaz pour 2009, à 5,69 dollars par MBTU.En Europe, les prix du gaz naturel avaient jusqu'alors mieux résisté pour cause de crise russo-ukrainienne. Le prix spot du gaz traité à Zeebrugge, le principal hub européen, était de 58,50 livres hier. Selon Merrill Lynch, la consommation de gaz au Royaume-Uni sera la plus importante depuis quatre ans sur le mois de janvier, en raison de températures très basses.