Chute de moral aux Pays-Bas

Par latribune.fr  |   |  474  mots
La polémique née aux Pays-Bas après qu'ING eut annoncé qu'elle avait l'intention d'offrir à son futur directeur financier, Patrick Flynn, un paquet de 100.000 actions témoigne de la dégradation du climat politique et social aux Pays-Bas. Fin janvier, une étude publiée par Deloitte soulignait pourtant encore le bel optimisme des Néerlandais : 71 % des chefs d'entreprise du pays des polders se disaient affectés par la crise, mais 51 % d'entre eux s'attendaient à une reprise dès la fin de l'année. Depuis, ces espoirs se sont envolés. Les Pays-Bas, rattrapés par la crise, n'ont plus le moral. Le chômage, de 4,1 %, devrait remonter à 5,5 % à la fin de l'année et atteindre un pic de 8,75 % en 2010, selon le Bureau central de planification (CPB), une agence gouvernementale. Des sommets inconnus dans un pays où le chômage n'a jamais dépassé 6,5 % au cours des deux dernières décennies. Au lieu d'une récession de 0,75 % cette année, les autorités attendent une contraction de 3,5 % de l'activité économique. D'un excédent budgétaire de 1 % en 2008, les Pays-Bas devraient passer à un déficit de 3 % du PNB cette année et de 5,5 % en 2010.La situation est d'une « gravité exceptionnelle », a déclaré le Premier ministre chrétien-démocrate, Jan Peter Balkenende. Et pour cause : la dernière récession d'aussi grande ampleur remonte à 1931 aux Pays-Bas. En octobre, le gouvernement n'a pas hésité à renflouer la banque ING et à nationaliser Fortis et ABN-Amro, mais il est très critiqué pour la timidité de son plan global de sauvetage de l'économie. La seule grande mesure prise depuis le début de la crise a consisté à réduire le temps de travail dans les entreprises qui ont vu leurs ventes chuter d'au moins 30 % au cours des deux mois écoulés. Plus de 170 entreprises, parmi lesquelles Nedcar (assemblage automobile) et Corus (métallurgie), ont ainsi obtenu de l'assurance chômage qu'elle indemnise leurs salariés mis de côté mais non licenciés, à hauteur de 70 % de leur temps de travail non effectué.des patrons mécontentsAujourd'hui, le gouvernement veut négocier un vaste accord avec les partenaires sociaux. Des mesures importantes sont dans la balance, comme le gel des salaires et le report de l'âge de la retraite à 67 ans. Mais, les propositions se heurtant aux refus des syndicats, les négociations sont dans l'impasse. Les Néerlandais ont déjà accepté un gel général des salaires de 2003 à 2005 pour faire face aux effets de la crise de 2001. D'autre part, une agence gouvernementale de prévision (SCP) a fortement déconseillé de toucher au pouvoir d'achat, pour ne pas aggraver la crise. Les patrons sont très mécontents : ils reprochent aux politiciens de perdre leur temps dans des palabres politiques sur la meilleure approche budgétaire à avoir, alors qu'il y a urgence pour l'économie. n