Les Big Three font chuter toute la filière auto auto

Par latribune.fr  |   |  567  mots
En amont comme en aval de la construction automobile, des entreprises américaines tremblent à la perspective d'une dégradation plus dramatique encore de l'activité des Detroit Three, ex-Big Three. En 2008, les équipementiers ont pâti de la chute de 18 % des ventes de véhicules ? à 13,2 millions d'unités ? aux États-Unis. Pour le quatrième trimestre, Johnson Controls vient de publier une perte de 608 millions de dollars (468 millions d'euros) contre un profit de 235 millions de dollars (181 millions d'euros) un an plus tôt. Analyste chez Credit Suisse, Christopher Ceraso estime que le groupe a ainsi inauguré « une saison des résultats qui promet d'être longue et sanglante ».L'année 2009 démarre mal. Même Ford, dont la situation financière est pourtant moins tendue que celle de General Motors (GM) et Chrysler, a annoncé l'arrêt de neuf de ses quinze usines nord-américaines lors de la première semaine de janvier. Un coup dur pour les équipementiers dont Lear et Visteon, qui ont respectivement réalisé 21 % et 35 % de leur chiffre d'affaires auprès du numéro deux américain en 2007. La dépendance des équipementiers est sanctionnée par Wall Street au point que, à la fin 2008, la Bourse de New York (Nyse) a menacé de radier Visteon de sa cote car son action était passée sous le plancher de 1 dollar. American Axle, qui réalise l'essentiel de ses revenus auprès de GM, s'est engagé auprès des analystes à se diversifier. Au terme de quatre trimestres déficitaires, son directeur général, Richard Dauch, a promis un retour à l'équilibre pour 2009.Dans ce contexte, les équipementiers prennent des décisions douloureuses. Visteon vient d'imposer une réduction de 20 % du salaire de plus aux 2.000 employés aux États-Unis. Mais ils appellent aussi à l'aide : leur lobby, le MEMA (Motor & Equipment Manufacturers Association) demande que le secteur bénéficie, comme les constructeurs, des largesses du gouvernement fédéral. Une requête que l'administration Bush semblait encline à appuyer puisque le Trésor avait annoncé au début janvier qu'il pourrait élargir le cercle des industries susceptibles d'être soutenues. Reste à attendre la confirmation par le Sénat de Timothy Geithner pour connaître sa position sur le sujet.Coût des fermeturesLa situation des concessionnaires est plus délicate encore. Les constructeurs se félicitent ouvertement du fait qu'un grand nombre d'entre eux fasse faillite ou fusionne. Mais les ex-Big Three jugent le rythme de leur disparition, estimé à 900 sur un total de 20.770 en 2008, trop lent. Devant le Congrès, GM s'est engagé à éliminer 27 % de ses showrooms, soit 1.750 en quatre ans et Chrysler a promis d'en fermer 3.300. Or, les concessionnaires, qui emploient 1,1 million de personnes (vendeurs, comptables, mécaniciens?) sont protégés par le droit des États fédérés sur les franchisés. L'abandon de la marque Oldsmobile a coûté plus de 1 milliard de dollars à GM, en raison notamment des procès intentés par ses concessionnaires.D'autres secteurs souffrent, tels les transporteurs ferroviaires dont le fret de véhicules s'est effondré de 20 % en 2008. Les médias, notamment locaux, accusent une vertigineuse chute de leurs recettes publicitaires liées aux constructeurs et aux concessionnaires. Dans le berceau de l'automobile, le « Detroit Free Press » et le « Detroit News », les deux quotidiens de la ville, ont décidé de limiter leur portage à domicile à trois jours par semaine. Une première aux États-Unis, lourde de symboles.