Rémunérations  : pression maximale sur Parisot

Par latribune.fr  |   |  479  mots
Entre le gouvernement, l'UMP et le Medef, c'est plus que jamais le bras de fer sur le dossier des rémunérations patronales. Alors qu'hier, à l'heure du déjeuner, Laurence Parisot défendait devant les députés de la commission des Lois « la liberté de management » des chefs d'entreprise, y compris s'agissant des rémunérations patronales, Nicolas Sarkozy s'en prenait à la présidente du Medef, devant les députés UMP rassemblés à l'Élysée. Il est inacceptable que « Laurence Parisot dise qu'elle n'a pas le désir d'évoquer le partage des profits », a lancé le chef de l'État. Si « le Medef n'y va pas, on ira par la loi », a-t-il ajouté, fustigeant « les dégâts » des affaires des derniers jours (Société Généralecute; Générale, indemnité de l'ex-PDG de Valeo Thierry Morin). Nicolas Sarkozy mêle à dessein les dossiers ? le partage des profits est disjoint de celui des rémunérations patronales. L'objectif est bien d'accentuer la pression sur le patronat.« Ultimatum »Pour Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, la demande faite par le gouvernement au patronat de proposer avant le 31 mars un « dispositif opérationnel » visant à limiter voire à supprimer les rémunérations variables des mandataires sociaux en cas de licenciement « massifs » ou de recours important au chômage partiel, cette demande n'était pas une « invitation » mais rien moins qu'un « ultimatum ». « S'il n'y a pas d'avancées significatives, le gouvernement légiférera », a prévenu le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.Pourtant, auditionnée par la commission des Lois de l'Assemblée nationale, Laurence Parisot a refusé toute concession. « J'ai dit que je n'ai pas le pouvoir, pas le désir d'imposer quoi que ce soit dans ce domaine à tous les chefs d'entreprise de France » (puisque la demande gouvernementale concerne l'ensemble des entreprises, cotées ou non cotées), a-t-elle martelé hier. « Nous ne sommes pas un ordre professionnel. » Et d'enfoncer le clou : « Nos adhérents doivent garder toute la liberté de management. Ils doivent pouvoir faire face aux circonstances. »Les patrons peuvent-ils donc tout faire ? Non, juge Laurence Parisot. Ils doivent simplement, s'agissant des sociétés cotées, appliquer le code de gouvernance, établi par le Medef et l'Afep en octobre. Quant aux entreprises soutenues par l'État, c'est à celui-ci de définir les contreparties, « dans un cadre bilatéral », concèdent les deux organisations, dans une lettre adressée à Christine Lagarde et Brice Hortefeux. Légiférer pourrait conduire à « des effets pervers », insiste Laurence Parisot. Mais les députés UMP ne l'entendent pas ainsi. Philippe Houillon, qui a longuement interrogé Laurence Parisot, entrevoit une loi en deux temps : « Elle affirmerait le principe que les rémunérations doivent correspondre à l'intérêt général de l'entreprise (le juge étant chargé d'apprécier), et elle viserait à corriger techniquement les différents abus. »