La difficile marche des pays asiatiques vers un marché unique

Par latribune.fr  |   |  375  mots
Les dix pays d'Asie du Sud-Est (rassemblés au sein de l'Ansea), qui tiennent leur 14e sommet à partir d'aujourd'hui dans la station balnéaire de Hua Hin en Thaïlande, risquent de se sentir bien impuissants face à la crise née dans les pays riches. Jouant depuis des décennies la carte de l'export, ces économies subissent de plein fouet le choc commercial résultant de la crise globale et cherchent en vain la parade au piège d'une mondialisation qui leur a plutôt profité jusqu'à présent. Dépendant fortement de leurs échanges extérieurs, certains pays comme Singapour, les Philippines, la Thaïlande, la Malaisie et dans une moindre mesure l'Indonésie voudraient renforcer leur consommation intérieure pour pallier la panne du moteur des exportations. Mais « le risque est grand de voir ces pays recourir à une phase transitoire de protectionnisme », explique Edgardo Torija-Zane, économiste chez Natixis. règles plus strictesCes derniers temps, des signes inquiétants sont apparus au sein de l'Ansea, dont l'objectif est pourtant en principe d'instaurer un marché unique d'ici à 2020. « En Indonésie, les autorités ont exigé que soient traduites dans la langue nationale les étiquettes apposées sur les biens alimentaires importés », indique cet expert. Les autorités de Djakarta ont aussi le projet de demander aux 4 millions de fonctionnaires de ne faire appel qu'à des produits locaux. Même tentation à Kuala Lumpur, où le gouvernement malaisien a soumis un projet de loi pour expulser les ressortissants étrangers démunis de papiers en règle. Dans ce pays, qui compte 2 millions de travailleurs étrangers, les règles d'attribution de permis de travail ont été rendues beaucoup plus strictes, et selon la presse locale, près de 270.000 travailleurs étrangers ayant perdu leur emploi ont dû rentrer chez eux en janvier et février. Mais pour sauver les apparences, le sommet de Hua Hin affichera sa croyance dans le libre-échange. Non seulement il poursuivra la libéralisation du fret et des services aériens, mais des accords de libre-échange pourraient être signés avec des pays comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou l'Inde, qui a pourtant annoncé vouloir augmenter ses tarifs douaniers sur l'acier et interdire les importations de jouets venant de Chine. Laurent Chemineau