Microsoft et Yahoo unissent leurs forces pour contrer Google

Par latribune.fr  |   |  613  mots
Enfin?! Après presque trois ans de discussions, d'accords quasi signés finalement avortés, Yahoo et Microsoft ont fini par s'entendre. Hier, Carol Bartz, la présidente de Yahoo, et Steve Ballmer, le patron de Microsoft, ont signé pour dix ans un accord majeur dans la publicité en ligne, de nature à rebattre les cartes d'un marché ultra-dominé par Google. Les deux géants ont décidé d'unir leurs forces dans les liens sponsorisés, ces publicités en forme de liens qui apparaissent en haut des pages des moteurs de recherche en fonction des mots clefs tapés par les internautes. Or ces liens, dont Google est le principal bénéficiaire, pèsent la moitié du gâteau mondial de la publicité en ligne et croissent à un rythme de 15 % par an, selon Forrester Research. Ils devraient générer 30 milliards de dollars de recettes aux États-Unis en 2014.Selon l'accord, Microsoft va fournir Bing, la technologie de son nouveau moteur recherche. Yahoo prendra en charge la régie pour tous les sites Internet des deux groupes, Microsoft reversant à Yahoo 88 % du chiffre d'affaires généré grâce au trafic apporté par le portail. « Il va y avoir des économies d'échelle pour les annonceurs. Ces derniers achèteront des mots clefs pour les deux environnements », a indiqué Steve Ballmer lors d'une conférence téléphonique. Les deux groupes augmentent leur force de frappe. Aux États-Unis, Google détient 65 % de part de marché dans la recherche, et donc autant dans les liens sponsorisés. Ensemble, Yahoo, qui s'octroie 20,8 % de la recherche, et Microsoft 8 %, proposeront aux annonceurs 30 % de l'audience américaine. « L'accord est de nature à casser le statu quo actuel, en étant plus compétitif sur les prix par exemple », explique sur son blog Rebecca Jennings de Forrester Research. L'accord, qui doit encore recevoir l'aval des autorités de la concurrence, ne sera pas mis en place avant vingt-quatre mois. Le regroupement des régies et des annonceurs, qui utilisent plusieurs plates-formes technologiques, ne sera pas sans poser problème.En s'attelant à Yahoo, Microsoft, qui perd énormément d'argent sur Internet (lire ci-contre) espère approcher un seuil critique. Les investisseurs attendent de voir le résultat?: l'action est restée stable hier. En revanche, celle de Yahoo a dégringolé de 11 % en séance à 15,3 dollars, soit une valorisation de 21 milliards de dollars. Pourtant, l'alliance doit permettre à Yahoo de générer 500 millions de dollars de résultat opérationnel supplémentaire d'ici deux ans, et d'économiser 200 millions de dollars de dépenses en capital. Des chiffres insuffisants pour le marché qui espérait au moins une arrivée de cash.Microsoft avait proposé en février 2008 une reprise pure et simple pour un montant de 47,5 milliards de dollars, rachat refusé par Yahoo. Depuis, la reprise de la partie moteur de recherche pour 1 milliard de dollars a été évoquée. Pour Yahoo, non seulement l'alliance ne rapporte pas un centime à court terme, mais en plus, elle ne résout pas la question de son avenir. Sa patronne, Carol Bartz, a expliqué que Yahoo se concentrerait sur ce qu'il sait faire?: l'animation du portail de contenus dans le sport, la finance, les news? Bref, qu'il resterait un média en ligne. Mais sur le Web, Yahoo n'a de position dominante dans aucune des technologies d'avenir du Web (la recherche, le média social?). En outre, il n'est propriétaire d'aucun contenu, et n'est proche d'aucun grand groupe de médias. Une position difficile qui pourrait devenir de moins en moins tenable. Le risque serait de se voir asservi de plus en plus à Microsoft, sans que ce dernier n'ait eu à en payer le prix.