Ministre du milieu

Avec Hervé Gaymard, les Français se sont découvert une nouveauté : un ministre du milieu. Car le programme fleuve présenté hier par le locataire du ministère de l'Economie et des Finances a comme un goût préélectoral. La réforme de l'ISF, même partiellement avortée, et les premières baisses d'impôt sur le revenu s'adressaient plutôt à la France d'en haut. Pour celle d'en bas, on a envoyé l'émissaire Jean-Louis Borloo, armé de son plan de cohésion sociale, avec son train de mesures en faveur des plus défavorisés. Voilà maintenant le temps venu de la France du milieu. Celle qui paye toujours largement, et plus qu'il n'en faut, sa quote-part d'impôts et autres cotisations sociales et qui se sent mal aimée, parce que taillable et corvéable à merci. Il était temps d'y penser, à deux ans et quelques mois de l'élection présidentielle. Du coup, le programme-catalogue du ministre de l'Economie et des Finances fleure bon les classes moyennes : des baisses d'impôts centrées sur les revenus moyens et modestes, du crédit facilité pour les étudiants, des mesures visant à mieux protéger les locataires de la hausse des prix, des plans d'aide au financement des petites et moyennes entreprises. Avec, sur le plan politique, la claire indication que le temps de l'esbroufe à la Nicolas Sarkozy est bel et bien révolu : la première grande sortie du nouvel hôte de Bercy a mis en scène un Hervé Gaymard solide et s'inscrivant dans la durée, en l'occurrence pour le temps restant à courir du quinquennat, entouré de tous ses ministres, chacun appelé à verser son écot à l'action gouvernementale, alors qu'hier les colocataires de Bercy étaient d'abord priés de se taire. La scène en devenait étrange : c'était presque un mini-Premier ministre qui s'exprimait hier à Bercy, l'envoyé du président, le bon soldat de Jacques Chirac, missionné pour prêcher la bonne parole électorale en direction des classes laborieuses. Et Jean-Pierre Raffarin dans tout cela ? Le Premier ministre, qui s'est autoproclamé fusible du président en se rêvant un destin européen - l'aveu d'un destin présidentiel lui aurait rendu une partie de son poids politique -, semble bien éloigné du jeu. Comme si la partie, entre l'Elysée et Bercy, se jouait un peu sans lui.
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