Martingale salariale

La journée d'action du 10 mars est derrière nous et le gouvernement peut souffler un peu. Mais pas pour longtemps. Car, d'évidence, après le succès de la mobilisation d'hier, la pression des syndicats et de l'opposition ne va pas se relâcher. Bien au contraire. Et les timides signaux d'ouverture envoyés par plusieurs ministres sur le sujet des salaires constituent autant de brèches où les responsables syndicaux vont s'engouffrer pour pousser plus loin leur avantage. Dans le souci d'éviter un télescopage dangereux entre le malaise social et la campagne du référendum qui s'ouvre, le gouvernement s'est placé dans un calendrier qui ne lui laisse guère de répit. Un rendez-vous est fixé à la fin de la semaine prochaine pour les salaires du secteur privé ; un autre "avant la fin du mois" pour ceux de la fonction publique. Le gouvernement et les organisations patronales pourront-ils trouver en moins de vingt jours la martingale capable de répondre aux frustrations salariales des Français ? Ce qui est certain, c'est que les signaux qui sortiront de ces deux rencontres désormais très attendues seront attentivement analysés et décryptés. Et gare aux déceptions ! Car il y en aura nécessairement. Les syndicats de la fonction publique arriveront à une négociation post-10 mars sur les salaires avec de fortes exigences que le gouvernement ne pourra pas intégralement satisfaire. Le ministre du Budget prenait déjà les devants hier en mettant en avant l'étroitesse des marges de manoeuvre budgétaires. Un argument sans valeur aux yeux des fonctionnaires. Du côté du secteur privé, ce sont les bénéfices record annoncés ces dernières semaines par beaucoup de grandes entreprises qui aiguisent les appétits. Mais cette manne est réservée à une minorité de salariés employés par les grands groupes où existent des mécanismes de redistribution (intéressement, participation, dividendes pour les salariés-actionnaires, etc.). Les autres - la majorité - ne connaissent bien souvent aucun de ces avantages salariaux ou sociaux et, parfois, pas davantage les 35 heures. Et leur entreprise, petite ou moyenne, n'a pas toujours des bénéfices à redistribuer. Ceux-là accepteront-ils encore une fois de se résigner à demeurer à l'écart ?
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