Le juste milieu

Tant pis pour les curieux. Il faudra attendre le rendez-vous annoncé entre le ministre de la Fonction publique et les syndicats de fonctionnaires. Le Premier ministre s'est refusé hier à toute spéculation chiffrée sur les concessions salariales que le gouvernement pourrait mettre sur la table des négociations dans une dizaine de jours. Afin de ne pas fermer la discussion en même temps qu'il l'ouvrait, s'est-il justifié. L'argument est marqué au coin du bon sens raffarinien. Sauf que, sans citer de chiffres, le chef du gouvernement a tout de même étroitement cadré le champ de la discussion à venir en parlant des salaires pour 2005 et 2006. Autrement dit, pas question de revenir sur le passé et pas question, en particulier, de rouvrir le débat sur les cinq points de pouvoir d'achat qui, selon les syndicats, manqueraient à l'appel depuis 1999 sur la feuille de paie des cinq millions d'agents de la fonction publique. En insistant, comme son ministre du Budget, sur la "minceur" des marges de manoeuvre, Jean-Pierre Raffarin signifie par avance que ses moyens sont trop limités pour compenser intégralement ou partiellement ce manque à gagner. Les syndicats peuvent-ils renoncer à cette revendication - ou cesser d'en faire un préalable - sans la garantie de fortes contreparties ? Le regain de combativité de la base depuis le début de l'année les pousse naturellement à l'intransigeance. Mais les chefs de file syndicaux savent aussi que, en se montrant trop exigeants, ils prendraient le risque de fragiliser la solidarité public-privé qui s'exprime sur le thème du pouvoir d'achat. Or ce sont les signaux visibles de cette solidarité qui ont largement contribué à renforcer la main des organisations syndicales et convaincu le gouvernement de lâcher du lest. Et comme dans le secteur privé les concessions salariales seront moins homogènes et plus difficiles à mettre en oeuvre, il ne faudrait pas qu'un écart de traitement trop flagrant entre public et privé ravive un clivage qui, ces dernières semaines, avait plutôt tendance à s'estomper. Ainsi, lors de leur rencontre, le ministre de la Fonction publique et ses interlocuteurs syndicaux auront au moins un point commun, la recherche du juste milieu.
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