Le dur retour du dollar

On l'avait presque oublié. Le dollar, sa faiblesse et sa kyrielle de problèmes pour la maison Europe se sont brutalement rappelés au bon souvenir des marchés et des entreprises. Souvenez-vous : en fin d'année dernière, tous les observateurs n'avaient d'yeux que pour le billet vert et ses moindres mouvements. C'est au dollar, nous disait-on, qu'il reviendra de régler le problème des déficits abyssaux des Etats-Unis. Et on nous promettait, en échange, un euro fort par défaut. Le marché des changes aimant bien prendre à contre-pied ses opérateurs, le début 2005 nous avait joué un scénario totalement inverse à ces pronostics. Au point que les uns et les autres s'étaient quelque peu laissé endormir. Revoilà, donc, le dollar et sa rechute venir à nouveau jouer les trouble-fête. Une fois encore, les explications vont bon train sur le sujet, pour affirmer que la baisse est durablement enclenchée. Alan Greenspan lui-même, dans son discours alarmiste du 16 février, la lecture faite par les spécialistes de la politique monétaire de la Fed, le FMI et ses alertes sur le déficit extérieur des Etats-Unis, le souhait clairement exprimé par les grandes banques centrales de diversifier leurs réserves de change... les bonnes raisons de manquent pas d'alerter sur les perspectives sombres du dollar. Il y a une grande nouveauté, par rapport aux discours alarmistes sur l'évolution du billet vert tenus en 2004 : cette fois, ce sont les entreprises elles-mêmes, du moins celles qui réalisent une bonne part de leurs activités hors de la zone euro, qui s'inquiètent et accusent le coup. Il n'est pas aujourd'hui un commentaire d'un grand patron du CAC 40 qui n'alerte sur les risques d'un euro fort. Ceux-là même qui, hier, considéraient comme un phénomène gérable la baisse du dollar. Il faut dire qu'hier encore la chute du dollar amoindrissait leur facture en matières premières, ce qui est moins vrai aujourd'hui, celles-ci n'arrêtant pas de flamber. Et si les entreprises sont désormais en état d'alerte sur le sujet, c'est qu'il faut prendre au sérieux cette menace pour l'économie européenne. Du coup, la question du partage des bénéfices pourrait bien devenir hors sujet.
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