On the rocks !

La force de Pernod Ricard, c'est d'avoir gardé une image de groupe familial national tout en étant devenu un acteur d'envergure et de taille mondiale dans sa spécialité. Rien de tel que d'être sous-estimé pour échapper à l'attention et mener paisiblement sa barque dans le monde des affaires. Et, depuis sa création il y a trente ans, le groupe français n'a cessé de grandir par acquisitions sélectives, poursuivant une stratégie faite d'audace tranquille et de choix rationnels. Sans ostentation ni triomphalisme excessif, il s'est hissé dans le trio de tête de l'industrie mondiale des alcools et spiritueux. La perception du groupe n'a pas suivi au même rythme. D'où la surprise des observateurs lorsque, il y a quelques années, Patrick Ricard jeta son dévolu sur une partie de l'empire Seagram. D'où encore la première réaction incrédule des professionnels lorsque commencèrent à circuler il y a quelques semaines les rumeurs d'intérêt de Pernod Ricard pour son concurrent britannique Allied Domecq. Tout en considérant cette hypothèse avec gourmandise, ils se disaient que le poisson était un peu trop gros pour le français. A tort, comme vient le démontrer la confirmation officielle hier de discussions entre les deux groupes. La cible possède de très belles marques mondialement connues, dont certaines pourraient compléter le portefeuille déjà joliment garni de Pernod Ricard. Elle lui apporterait également la possibilité de se renforcer sur le marché américain, où sa part de marché n'est pas aujourd'hui à la hauteur de ses ambitions. Quant à la question posée sur la "grosseur" du poisson, le groupe français y apporte une réponse qui ne devrait surprendre personne puisqu'elle a déjà servi lors du rachat de Seagram à Vivendi Universal. Pernod Ricard propose un rachat en tandem avec un américain. Une bonne manière de réduire le coût d'acquisition car Patrick Ricard est très regardant sur le prix de ses emplettes. Lorsqu'il s'est fait une idée de la valeur de ce qu'il veut acheter, il n'a pas pour habitude d'aller au-delà. Une prudence atavique qui l'incitait hier à se garder de vendre prématurément la peau de l'ours. Mais s'il mène l'opération jusqu'à son terme, le patron du groupe français pourra consommer sa victoire sans modération et "on the rocks".
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