L'Ecureuil glouton

Mais pourquoi les autres l'ont-ils laissé tirer le premier ? En découvrant l'offensive commerciale des Caisses d'Epargne, premier géant bancaire français à proposer la rémunération des dépôts, la question est légitimement sur toutes les lèvres. Car, à l'évidence, le coût de la manoeuvre est quantité négligeable face à l'avantage en termes d'image et le caractère de modernité que confère cette opération. Si ces autres expliquent en long et en large que leurs clients ne voulaient pas de cette rémunération, il faut croire que ceux des Caisses d'Epargne ont une sacrée dose de... bon sens. Car qui peut raisonnablement refuser de voir son argent produire des intérêts, même symboliques, surtout quand cette rémunération n'est pas liée à ce qu'on a trop souvent présenté comme son pendant, le paiement des chèques ? En attendant, c'est un joli coup pour l'Ecureuil. Un de plus, diront ceux qui suivent le dossier. Car, depuis quelques années, l'honorable Caisse d'Epargne, que l'on croyait quelque peu poussiéreuse, ne laisse pas d'étonner. La voilà devenue un acteur majeur de l'immobilier avec le Crédit Foncier et Entenial ; propulsée à New York et ailleurs dans les sphères de la haute finance, avec l'intégration de la banque d'investissement CDC Ixis. La voilà, enfin, en train de s'offrir une carte de visite de prestige, mais non sans risque, chez l'ultrachic maison Lazard, censée lui donner accès au monde jusqu'alors fermé des plus grandes entreprises. Le tout sans coup férir, à grande vitesse, et sans les violentes secousses que peut provoquer ce genre d'avancées à marche forcée. Au final, le tableau ne manque pas d'allure. En quelques années, les Caisses d'Epargne, dirigées par Charles Milhaud, un Sétois qui n'a de bonhomme que l'apparence, sont devenues une des premières banques universelles françaises, avec 26 millions de clients et près de 5.000 agences. Et ce n'est sans doute pas fini. Car le coup des comptes rémunérés en dit long sur la volonté de l'Ecureuil de venir grignoter des parts de marché, avec ardeur, à des géants qui paraissent aujourd'hui quelque peu indolents.
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