La clé d'Europlace

Rarement, la grand-messe annuelle d'Europlace aura été autant inscrite dans l'actualité. Alors même que le projet de rapprochement entre la Bourse paneuropéenne Euronext et le Nyse américain est en pleine gestation et que la Bourse de Francfort continue d'afficher haut et fort ses velléités d'union avec Paris, la place est partagée. Car il faut faire avec la volonté farouche de Jean-François Théodore, le patron d'Euronext, de s'allier avec son grand homologue américain, John Thain, mais il faut quand même aussi écouter les arguments du patron de Deutsche Börse, Reto Francioni. Et, entre les deux, les émetteurs, que représente justement Europlace, se montrent quelque peu embarrassés. De fait, Henri Lachmann, le patron emblématique de Schneider Electric, à qui Europlace a confié une mission d'analyse des propositions du Nyse et des voies alternatives, ne sait plus trop, dit-on, sur quel pied danser. C'est que, d'un côté, l'ambitieux projet de mariage du Nyse et d'Euronext a de quoi séduire : faire de la place européenne la tête de pont de Wall Street sur le Vieux Continent a du sens, d'autant que dans ce mariage le modèle d'Euronext, notamment sur le plan technologique, pourrait largement nourrir le marché américain. Mais il inquiète aussi sur au moins deux aspects : la volonté hégémonique présumée du Nyse et le risque, même ténu, de voir déportées en Europe les redoutables règles juridiques de la loi Sarbanes-Oxley qui font tant peur aux entreprises qui aspirent à la Bourse. De l'autre, l'idée d'un grand marché boursier européen, avec la fédération de Paris, Francfort, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et pourquoi pas Milan, véritable contre-pied de l'axe anglo-saxon, ne manque pas d'allant. Mais il bute sur la volonté de Francfort de rester accrochée à un modèle d'organisation radicalement différent d'Euronext, qui lui serait fatal. Il achoppe aussi sur l'éternel et réel sujet du déplacement vers l'Allemagne du centre de décision opérationnel de cette Bourse, aujourd'hui clairement assumé par Paris. Autant dire que les expressions publiques des principaux acteurs d'Europlace seront scrutées avec intérêt : que la place penche d'un côté ou de l'autre et c'est le sort d'Euronext qui en sera modifié.
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