L'argent donné a vécu

C'en est fini de l'argent peu cher. C'était déjà vrai aux États-Unis, ça l'est de plus en plus en Europe, ça le deviendra bientôt au Japon. Outre-Atlantique, le tour de vis monétaire est entamé depuis bien longtemps déjà : la semaine dernière, Ben Bernanke, le remplaçant d'Alan Greenspan, a signé le 17e resserrement monétaire consécutif de la Réserve fédérale américaine. L'air de rien, les taux d'intérêt planchers aux Etats-Unis sont désormais au niveau de 5,25%, ce qui n'a plus grand-chose d'accommodant. La vieille Europe se prépare à embrayer sur ce mouvement. Car Jean-Claude Trichet s'engage dans un processus dont on commence à comprendre qu'il risque d'être plus douloureux qu'on ne pouvait le craindre jusqu'alors. Cette fois les choses sont claires : la BCE est fermement décidée à croiser le fer contre son adversaire le plus redouté, l'inflation. Et il n'y aura pas de trêve estivale : la BCE réunira "physiquement" ses membres le 3 août : c'est tout dire. Demain, en l'occurrence la semaine prochaine, ce sera probablement au tour du Japon de manier l'arme des taux 'intérêt. Et là, il s'agit d'une rupture symboliquement très forte : pour la première fois depuis six ans, la banque centrale nippone va rompre avec sa politique de taux zéro. Reste, maintenant, à interpréter ces événements. Pour l'Occident, la menace est clairement identifiée : c'est l'inflation. En somme, la flambée des prix des matières premières et la forte croissance mondiale ont bel et bien fini par avoir des répercussions sur la hausse des prix. Sauf que si elle montre réellement ses crocs aux États-Unis, elle commence seulement à grogner en Europe. D'où l'éternel débat entre, d'un côté, le soutien d'une croissance européenne encore molle, et de l'autre, la lutte contre ses effets pervers. Si la BCE a définitivement tranché en faveur de la seconde proposition, les économistes et les chefs d'entreprise sont partisans de la première. Pour le Japon, rien de tout cela. Car il faut voir dans l'abandon du taux zéro la signature, enfin affirmée, du retour de la croissance dans un pays qui a vécu plus d'une décennie de marasme économique profond. Le signal japonais est donc autrement plus volontaire que celui donné par les grandes économies.
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