Le meilleur et le pire

Les Chinois avaient promis à l'Occident de refroidir leur économie, elle a rarement été aussi chaude : + 11,3 % de croissance au deuxième trimestre de 2006, près de 11 % pour le premier semestre tout entier. Les chiffres qu'annonce le bureau national des statistiques ont de quoi donner le tournis. Qui plus est, si l'économie chinoise tourne à plein régime, c'est d'abord parce que l'ex-empire du Milieu vend ses produits à tour de bras - les exportations continuent à battre leurs records - et, ensuite, parce que les investissements sont toujours aussi soutenus, ils ont bondi de près de 30 % au cours des six premiers mois de l'année. Pour une économie qui souhaitait rééquilibrer sa croissance par une demande plus soutenue des ménages chinois, c'est raté. Alors, quel crédit accorder à un gouvernement qui clame à tout va qu'il souhaite calmer le jeu, notamment pour éviter des phénomènes de bulles et de surproduction ? La question mérite d'autant plus d'être posée qu'on sait fort bien que les statistiques chinoises sont des données politiques et que ledit bureau qui en a la charge peut assez aisément faire bouger le curseur chiffré de la croissance dans un sens ou dans l'autre. En réalité, il est à craindre que ces données soient plutôt... minorées : la croissance chinoise est sans doute plus forte que les 11 % annoncés. Bien sûr, on peut s'en féliciter. Après tout, c'est ce moteur-là qui tire largement la croissance mondiale, et les États-Unis sont les premiers à en bénéficier.Mais la médaille a son revers. Car cette croissance folle contribue à creuser le déficit commercial entre l'Amérique de George Bush et la Chine, cette dernière accumulant près de 1.000 milliards de dollars de réserves de change, très majoritairement libellées en billets verts. Force est de constater que les autorités chinoises ne font rien de bien sérieux pour résorber ce déséquilibre, et surtout pas réévaluer le yuan comme le réclame vainement le camp occidental. Au-delà, le risque est plus grand encore : quand il y a surchauffe, il peut aussi y avoir casse. Et si la quatrième puissance économique mondiale venait à tomber en panne, on imagine la violence de l'onde de choc. Dans tous les cas, il est une réalité qui s'impose : la Chine tient dans sa main une bonne part de l'avenir des économies occidentales, pour le meilleur comme pour le pire.
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